SMIC : pas de revalorisation durant l’automne 2024 ?

L’année 2024 sera marquée par l’absence, inattendue, d’une nouvelle revalorisation du SMIC (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance). Cette nouvelle a de quoi surprendre, surtout dans un contexte où l’inflation avait été un moteur de revalorisation du SMIC ces dernières années. Pourtant, en raison d’un ralentissement inattendu de l’inflation, notamment à partir de la mi-2024, il est désormais clair que la prochaine augmentation du SMIC ne sera effective qu’en janvier 2025.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 16 septembre 2024 à 9h24
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1398,69 EUROSLe montant du Smic net mensuel est de 1.398,69 euros

Le mécanisme de calcul du SMIC

Le SMIC en France est révisé chaque année selon des critères bien définis. Le calcul prend principalement en compte l'inflation pour les ménages les plus modestes ainsi que l’évolution du salaire horaire de base des ouvriers et des employés. Plus précisément, une revalorisation automatique est déclenchée lorsque l'indice des prix à la consommation pour les ménages aux revenus modestes (IPC hors tabac) dépasse les 2%.

En 2023, par exemple, des augmentations successives avaient été appliquées en raison d’une inflation galopante, qui avait dépassé les 6% à certains moments de l’année. Cette situation exceptionnelle avait déclenché des augmentations automatiques à plusieurs reprises, offrant un soulagement temporaire aux ménages. En revanche, les conditions économiques actuelles ne permettent pas de prévoir une nouvelle revalorisation pour 2024, comme cela était initialement espéré.

Pourquoi le SMIC n’augmentera pas en 2024

En début d’année 2024, de nombreux experts prédisaient une augmentation automatique du SMIC dès le mois de septembre, en raison de la hausse de l’inflation observée en 2023. Toutefois, la désinflation progressive survenue durant l’été 2024 a changé la donne. Selon les données de l’INSEE, l’indice des prix à la consommation est repassé sous la barre des 2% au cours du second semestre de l'année, atteignant environ 1,8% en août 2024. Ce ralentissement a été en partie lié à la baisse des prix de l’énergie, l’un des principaux moteurs de l’inflation en France ces dernières années. La situation a évolué plus rapidement que prévu, laissant les espoirs de revalorisation pour 2024 se dissiper.

D'après les chiffres publiés en septembre 2024 par l'INSEE, l'indice des prix à la consommation des 20% de ménages les plus modestes a augmenté de seulement 1,9% entre novembre 2023 et août 2024, une hausse inférieure au seuil des 2% nécessaire pour déclencher une revalorisation automatique. Ainsi, la perspective d'une augmentation avant la fin de l'année s'est écartée, d'autant plus que les projections pour les mois suivants ne laissent pas entrevoir un retour au-dessus de ce seuil.

Le poids de l’inflation sur le SMIC

L'inflation, qui avait été la principale cause des revalorisations en 2022 et 2023, a fait place à une forme de stabilité relative des prix en 2024, ce qui a contribué à ralentir la dynamique de revalorisation automatique du SMIC. Cependant l'inflation, bien qu'en baisse, a considérablement réduit la capacité d'épargne et de consommation des ménages, les forçant à ajuster leurs dépenses face à une hausse généralisée du coût de la vie.

Un des paradoxes de la situation actuelle réside dans le fait que la désinflation – habituellement considérée comme bénéfique pour le pouvoir d'achat – a ici des effets pervers pour les salariés au SMIC. En effet, la baisse relative des prix empêche le déclenchement des mécanismes de revalorisation automatiques, bloquant ainsi l'augmentation de leur salaire de base. Autrement dit, les travailleurs au SMIC subissent encore les effets des augmentations passées des prix sans pour autant bénéficier d'une compensation salariale pour compenser cette perte de pouvoir d'achat.

Salaire minimum : les attentes pour janvier 2025

Les projections actuelles laissent entendre que la prochaine augmentation du SMIC interviendra en janvier 2025, comme le stipule la loi. Cette revalorisation, qui pourrait être d’environ 2%, marquera la prochaine étape de l’évolution du SMIC en France. Cependant, cette prévision reste soumise à l'évolution des conditions économiques d’ici là. Si l'inflation reste modérée, il est probable que l'augmentation soit contenue, laissant de nombreux salariés au SMIC dans une situation financière difficile.

Par ailleurs, des voix s’élèvent pour réclamer des réformes plus ambitieuses du SMIC. Certains acteurs politiques et syndicaux appellent à une refonte complète du mécanisme de calcul, estimant que le système actuel est insuffisant pour répondre aux besoins croissants des ménages. Ils plaident notamment pour une augmentation plus élevée, indépendamment de l'inflation, afin de mieux tenir compte des réalités économiques.

SMIC : les risques liés à l'absence de revalorisation

L'absence d'une revalorisation du SMIC en 2024 aura un impact direct sur les travailleurs au salaire minimum, mais également sur l'ensemble de l'économie. Environ 3 millions de salariés en France sont directement concernés par le SMIC, et pour eux, chaque augmentation, même minime, représente un soutien vital pour faire face aux dépenses quotidiennes.

Les secteurs d’activité à forte densité de salariés rémunérés au SMIC, tels que la restauration, l’hôtellerie et les services à la personne, risquent de connaître des difficultés croissantes pour maintenir leur personnel face à l'absence de hausse salariale. D'autant plus que le coût de la vie continue d’augmenter, notamment dans les grandes villes, où les loyers et les frais de transport grèvent de manière significative les revenus des ménages modestes.

Par ailleurs, les conséquences de l'absence de revalorisation du SMIC pourraient également se faire ressentir sur la consommation intérieure, moteur essentiel de l'économie française. Les ménages modestes, disposant de moins de ressources, risquent de réduire leurs dépenses, ce qui pourrait affecter les entreprises et les commerces de proximité.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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