Schaeffler : 4 700 emplois supprimés en Europe

L’équipementier automobile Schaeffler a annoncé la suppression de 4 700 postes en Europe, avec la fermeture de deux sites et un plan de délocalisations. Face à une concurrence mondiale accrue et aux transformations du secteur, l’entreprise cherche à alléger ses coûts, portant un nouveau coup à l’industrie automobile du vieux continent, déjà fragilisée par la baisse des ventes et les investissements massifs dans les véhicules électriques.

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Par Rédacteur Publié le 16 novembre 2024 à 9h00
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3%Le plan de réduction d’effectifs annoncé représente environ 3 % de la masse salariale

Une décision difficile mais nécessaire

L’équipementier automobile allemand Schaeffler a annoncé, le 5 novembre 2024, la suppression de 4 700 emplois à travers l’Europe dans le cadre d’un plan de réduction des coûts qui s’étendra jusqu’en 2027. Ce plan, qui inclut la fermeture de deux sites de production, est une réponse directe à la pression exercée par un marché automobile en crise, frappé par une baisse des ventes, une concurrence accrue et les transformations liées à la transition énergétique. « Il s’agit de la réponse de l’entreprise à un environnement de marché difficile, à la concurrence mondiale croissante et à la transformation en cours, en particulier dans l’industrie des équipementiers automobiles », a précisé Schaeffler dans un communiqué.

L’entreprise, spécialisée dans les roulements et les technologies de transmission pour l’industrie automobile, avait déjà prévenu que des ajustements seraient nécessaires après sa fusion avec le fabricant de transmissions Vitesco, en octobre 2023. Cette opération avait d’ailleurs été présentée comme une mesure stratégique pour mieux se positionner face aux mutations du secteur. Elle avait porté le nombre de salariés du nouveau groupe à 120 000.

La conjoncture contraindrait donc Schaeffler à réorganiser son activité pour rester compétitif. Le plan de réduction d’effectifs annoncé représente environ 3 % de la masse salariale du groupe, et devrait permettre une réduction des coûts d’environ 290 millions d’euros par an d'ici 2029. « Nous devons ajuster notre structure aux réalités du marché actuel et aux défis de demain », a précisé Schaeffler. Cette rationalisation s’inscrit dans une tendance plus large des équipementiers automobiles, où plusieurs grands acteurs, comme Bosch, ZF ou encore Continental, ont également annoncé des suppressions d’emplois pour répondre à une conjoncture difficile.

Le secteur automobile sous pression

L'industrie automobile, en Europe comme en Chine, traverse une période de turbulences. Après des années de croissance, la baisse des ventes de voitures, notamment dans les segments traditionnels, constitue un des principaux moteurs de cette crise. En Europe, la demande stagnante de véhicules neufs, provoquée notamment par l’incertitude économique et les hausses des taux d'intérêt, a plongé plusieurs fabricants dans le rouge.

Les véhicules électriques (VE), malgré de fortes incitations réglementaires et une demande croissante dans certains pays, ne suffisent pas à compenser cette baisse de la consommation, surtout dans un contexte de transition technologique coûteuse. La production de ces VE, qui nécessite des investissements massifs dans des technologies nouvelles et des infrastructures adaptées, pèse sur les marges des fabricants européens. Cette transition s’accompagne de plus d’une réorientation de la production, souvent synonyme de fermetures d’usines et de délocalisations vers des pays à bas coûts de production.

Schaeffler, tout comme ses concurrents, peine à rentabiliser les investissements réalisés dans les technologies liées à la mobilité électrique. La demande de batteries et de composants spécifiques pour les VE n’est pas encore à la hauteur des prévisions, et la montée en puissance de nouveaux entrants, notamment chinois, intensifie la pression concurrentielle sur les équipementiers traditionnels. Ces derniers sont contraints d’adopter des stratégies de réduction des coûts pour ne pas sombrer face à des acteurs qui, souvent, bénéficient de structures plus légères et de coûts de production moins élevés.

« Nous sommes confrontés à une concurrence mondiale de plus en plus féroce et à une évolution rapide des attentes des consommateurs. Ces transformations imposent des ajustements, non seulement dans nos produits mais aussi dans notre organisation », a déclaré Klaus Rosenfeld, directeur général de Schaeffler.

La délocalisation : un choix stratégique

Dans le cadre de cette réorganisation, Schaeffler a également annoncé qu'une partie de sa production serait délocalisée dans des régions où les coûts de main-d’œuvre sont plus compétitifs. Cette stratégie n’est pas nouvelle dans l’industrie automobile européenne, qui a depuis longtemps cherché à minimiser ses coûts de production en transférant certaines opérations dans des pays où le salaire moyen est inférieur, principalement en Asie ou en Europe de l’Est.

Schaeffler a précisé que la délocalisation concernerait notamment certaines lignes de production de pièces détachées et de composants destinés aux véhicules thermiques, mais aussi aux véhicules électriques. Cette stratégie soulève toutefois des inquiétudes concernant l’avenir de certains sites européens. La fermeture de deux usines en Allemagne et la réduction d'effectifs sur plusieurs sites européens risquent d’affecter profondément les travailleurs locaux, dans un secteur déjà fragilisé par des vagues de licenciements successives.

« Nous devons repenser notre empreinte géographique pour être plus agiles et compétitifs sur le marché mondial. Cela signifie que certaines de nos productions devront être adaptées, voire transférées ailleurs, là où nous pouvons trouver les meilleures conditions économiques », a admis un porte-parole de Schaeffler.

Ce choix stratégique ne fait pas l’unanimité, notamment en Allemagne, où la fermeture de sites industriels devient un sujet de plus en plus sensible, surtout après des suppressions massives d’emploi chez des constructeurs automobiles de premier plan comme Volkswagen ou Daimler.

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