La récente campagne de vaccination, initiée dans les collèges à l’automne 2023, contre le papillomavirus (HPV), révèle des résultats bien en deçà des attentes des spécialistes.
Santé : papillomavirus, les parents pas convaincus par la vaccination
Papillomavirus : moins de 15 % des élèves de 5ᵉ vaccinés en 2023
La campagne de vaccination contre le papillomavirus, lancée à l'automne dernier dans les collèges, affiche des chiffres préoccupants. Selon le Pr Xavier Carcopino, président de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV), seulement 10 à 15 % des élèves (filles et garçons) de 5e ont reçu la première dose du vaccin, un chiffre bien en deçà de l'objectif initial qui était de 30 %. Cette situation est d'autant plus alarmante que le papillomavirus est responsable de nombreux cancers, notamment du col de l'utérus et de la sphère ORL.
Dans la région Grand Est, souvent citée comme exemple pour sa participation active à des expérimentations antérieures, les résultats sont également en deçà des attentes. Sur un objectif de 19.311 élèves vaccinés, seulement 7.486 ont reçu leur première injection. Les disparités régionales sont marquées. Dans le département de la Meuse, 25 % des collégiens de cinquième ont été vaccinés, tandis que dans le Haut-Rhin, ce chiffre tombe à 6 %, pour une moyenne régionale de 12 %. En Bretagne, le taux de vaccination atteint les 30 % en Bretagne, et de 15% en Corse.
Un manque de communication
La campagne de vaccination contre le HPV au collège semble patiner pour plusieurs raisons. D'abord, la complexité administrative et l'organisation jugée lourde ont été des freins majeurs. La communication a par ailleurs été assez tardive, ce qui n'a rien arrangé. Les spécialistes de santé ont par ailleurs souligné le système d'autorisation parentale qu'ils jugent trop complexe. Dans de nombreux pays, la vaccination est effectuée sauf opposition des parents, ce qui permet notamment à la Grande-Bretagne un taux de vaccination de 80 %. En France, l'approbation des deux parents est nécessaire, ce qui expose à un manque de communication.
La France garde pour objectif d'atteindre un taux de vaccination de 80 % chez les jeunes d'ici à 2030. Les spécialistes envisagent de « mieux communiquer sur l'importance de vacciner les jeunes adolescents avec un vaccin sûr et très efficace » pour « faire à l'avenir du cancer du col de l'utérus une maladie du passé ». En ce sens, ils préconisent aux établissements scolaires de davantage communiquer sur le vaccin contre le papillomavirus et de le faire dès la 6e. Les professeurs sont également incités à accompagner les parents en cas d'interrogation sur le formulaire d'autorisation et à évoquer la campagne de vaccination lors des réunions parents-professeurs.