La résistance aux antibiotiques, souvent qualifiée de « menace silencieuse », augmente de manière particulièrement inquiétante. Une étude scientifique, menée entre 1990 et 2021 sur 520 millions de personnes réparties dans 204 pays, et 22 agents pathogènes, publiée dans la revue médicale The Lancet, lundi 16 septembre 2024, alerte sur cet enjeu de santé publique mondial qui pourrait provoquer 40 millions de morts d’ici à 2050.
Résistance aux antibiotiques : 40 millions de morts d’ici à 2050 ?
Vers une hausse de 70% des décès liés à la résistance aux antibiotiques d'ici à 2050
La résistance aux antibiotiques pourrait entraîner près de 40 millions de morts dans le monde dans les 25 prochaines années, soit entre 2025 et 2050. Selon l'étude publiée par The Lancet, ce chiffre représenterait une hausse de près de 70 % (67%) par rapport à 2021. Actuellement, en France, environ 5 500 personnes meurent chaque année en raison d'infections résistantes. Les scientifiques tirent la sonnette d'alarme, en particulier pour les personnes les plus vulnérables, notamment celles âgées de plus de 70 ans : le nombre de décès liés à l'antibiorésistance pour cette tranche d'âge a été multiplié par 8 entre 1990 et 2021.
Outre ce scénario funeste, l'étude publiée par The Lancet révèle que les décès d'enfants de moins de cinq ans ont été réduits de moitié sur cette même période (1990-2021). Un résultat qui s'explique, selon les scientifiques, par une meilleure approche et prévention liées au contrôle des infections. L'étude souligne néanmoins que si les infections se font plus rares chez les plus jeunes, elles sont de plus en plus complexes à traiter lorsqu'elles surviennent.
« Prévenir plutôt que ne pas guérir »
Les prochaines décennies s'annoncent sombres donc. Selon les prévisions des chercheurs, les décès dus à la résistance aux antibiotiques pourraient atteindre 2 millions de personnes par an d'ici 2050, soit le double de morts si on compare ce chiffre à celui de l'année 2021. Les zones les plus à risque sont l'Asie du Sud et l'Afrique subsaharienne, où l'accès aux soins est limité.Le sort de ces millions de personnes n'est pourtant pas scellé. Selon les scientifiques, il est encore possible d'éviter cette trajectoire vers laquelle tend l'humanité.
Premier mot d'ordre : régulation. Réguler les prescriptions d'antibiotiques, comme le soulignent les scientifiques, permet de limiter leur usage abusif, en particulier dans les pays développés, et donc de freiner le développement de la résistance aux antibiotiques. Les scientifiques estiment qu'en adoptant une approche plus stricte sur l'usage des antibiotiques, on pourrait éviter 92 millions de décès (directs et indirects) d'ici à 2050. Cela implique également un renforcement de la recherche pour découvrir de nouvelles molécules et développer des traitements alternatifs, tels que les thérapies par bactériophages. Deuxième mot d'ordre : sensibilisation. Les scientifiques recommandent une sensibilisation accrue du grand public sur les dangers liés à l'automédication. Pour ce faire, ces derniers préconisent la mise en place de systèmes de surveillance renforcés pour limiter l'antibiorésistance.