Le 6e rapport de l’Observatoire national du suicide, publié ce 25 février 2025 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), tire la sonnette d’alarme : le nombre de suicides est en hausse en France, et certaines catégories de la population y sont particulièrement exposées.
Santé mentale : le nombre de suicides en France augmente et frôle les 10.000
Le nombre de suicides en France a augmenté de 3,3 % sur la seule année 2022, alerte la DREES. Avec 9 200 décès liés au suicide, le taux atteint 13,3 pour 100 000 habitants, contre 13,0 en 2021 et 13,1 en 2020. Une remontée inquiétante qui met fin à la baisse continue observée depuis les années 1980.
Des hospitalisations en forte hausse et un mal-être croissant chez les jeunes femmes
Les adolescentes et les jeunes femmes sont de plus en plus nombreuses à être hospitalisées après des gestes auto-infligés (GAI). En 2023, 77 601 personnes de plus de 10 ans ont été hospitalisées pour un geste auto-infligé en France, ce qui équivaut à 128 hospitalisations pour 100 000 habitants, indique le rapport de la Drees. La situation est encore plus préoccupante pour les jeunes filles âgées de 15 à 19 ans : leur taux d’hospitalisation atteint 516 pour 100 000 en 2023, contre 354 en 2017, ce qui représente une augmentation de 46 % en six ans. L'Observatoire national du suicide et la Drees ont émis plusieurs hypothèses pour expliquer cette mauvaise tendance. Selon leurs conclusions, cette hausse pourrait être en grande partie due à trois facteurs : un mal-être qui ne cesse d'augmenter depuis 2014, des violences et/ou agressions sexuelles auxquelles ces jeunes femmes peuvent être confrontées, et la pression exercée par les réseaux sociaux (hypersexualisation du corps, perfection physique, etc.).
La Drees s'inquiète : le taux de suicide dans cette population, bien que plus faible que chez les hommes, a augmenté de 40 % entre 2020 et 2022, passant de 1,15 à 1,60 pour 100 000. Le rapport souligne par ailleurs que le taux de suicide, bien que moins élevé chez ces jeunes femmes que chez les jeunes hommes, se manifeste davantage par des passages à l'acte que par des décès.
Les hommes très âgés sont les plus touchés par le suicide
Contrairement aux idées reçues, les personnes âgées et plus particulièrement les hommes constituent la population la plus vulnérable face au suicide, et celle qui aboutit le plus souvent à un décès. En 2022, le taux de suicide des 85-94 ans s’élevait à 35,2 pour 100 000 habitants, soit trois fois plus que la moyenne nationale. Les hommes de plus de 85 ans sont les plus vulnérables, leur taux de suicide ayant bondi entre 2021 et 2022, passant ainsi de 77 à 86 pour 100 000 habitants. Autrement dit, ils ont huit fois plus de risques de se suicider que les femmes du même âge et 25 fois plus que les hommes de moins de 25 ans.
L'entrée en EHPAD, la perte totale ou partielle d'autonomie, ainsi que la diminution de leur pouvoir décisionnel… la vieillesse est perçue par ces personnes comme une dépossession de soi, ce qui les pousse, parfois, à passer à l'acte, estime la Drees. Le veuvage et l'isolement social renforcent cette détresse et accentuent leur sentiment d'inutilité. Sujet hautement sensible et politique : alors que la loi sur la fin de vie pourrait bientôt revenir à l'Assemblée nationale, le rapport souligne que la dépression chez les personnes âgées est largement sous-diagnostiquée et sous-traitée, les troubles de l'humeur étant souvent considérés comme une conséquence normale du vieillissement.