Santé : aidez l’hôpital, mettez moins de pansements !

Dès le 1er avril 2025, les patients ne recevront plus que 7 jours de pansements à la sortie de l’hôpital ou après prescription. L’objectif est d’éviter le gaspillage et alléger les finances publiques.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Modifié le 20 mars 2025 à 9h39
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740 millions d’eurosChaque année, 740 millions d’euros de pansements sont remboursés par l’Assurance Maladie.

Le 19 mars 2025, sur X, la ministre de la Santé Catherine Vautrin a annoncé la limitation à 7 jours de la délivrance initiale de pansements sur prescription médicale. Cette décision, qui découle des recommandations de l’Assurance Maladie, vise à réduire le gaspillage et les coûts liés aux dispositifs médicaux.

Une mesure pour moins de pansements, dictée par l’Assurance Maladie

L’État s’appuie sur les conclusions du rapport annuel de l’Assurance Maladie, publié en juillet 2024, pour justifier cette réforme. Selon ce document, la Sécurité sociale a déboursé 9,2 milliards d’euros en 2023 pour les dispositifs médicaux, dont près de 10 % pour les pansements. L’accumulation excessive de ces produits chez les patients, souvent inutilisés, a été pointée du doigt comme un facteur de gaspillage financier. Face à cette réalité, le gouvernement a décidé de limiter la délivrance initiale des pansements à 7 jours, avec possibilité de renouvellement sous certaines conditions.

La ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, a défendu cette mesure en expliquant qu’elle permettrait de mieux adapter les prescriptions aux besoins réels des patients. Cette réforme s'inscrit dans une logique de rationalisation des soins et de contrôle des dépenses publiques, tout en assurant, selon elle, qu’il n’y aura "aucune limitation des remboursements pour les patients, mais une distribution plus modérée et réévaluée dans le temps".

Elle justifie cette décision par la nécessité d’éviter le gaspillage massif de pansements inutilisés qui s’accumulent chez les patients et pèsent sur les finances publiques. "Chaque année, 740 millions d’euros de pansements sont remboursés par l’Assurance Maladie. Cette mesure, issue d’une proposition de l’Assurance Maladie, allie bon sens, respect de l’environnement et maîtrise budgétaire, sans réduire la qualité du service pour chacun", a-t-elle écrit sur X le 19 mars 2025.

Une réforme sous haute tension

Au-delà de la simple restriction des quantités délivrées, la réforme implique une réorganisation complète du circuit de prescription et de distribution des pansements. Désormais, les médecins devront détailler précisément leurs prescriptions et justifier les renouvellements, tandis que les pharmaciens ne pourront délivrer qu’une quantité limitée de produits pour une durée maximale de 7 jours.

Les infirmiers libéraux (IDEL) sont directement concernés par cette réforme, car après les 7 jours initiaux, ce seront eux qui auront la charge d’évaluer l’évolution de la plaie et d’adapter le traitement si nécessaire. En théorie, cette adaptation permet une prise en charge plus personnalisée des soins. En pratique, les professionnels de santé alertent sur les risques de rupture de stock et de complications pour les patients, notamment ceux souffrant de pathologies lourdes nécessitant un traitement prolongé.

Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), estime que cette mesure peut être bénéfique à condition que les infirmiers puissent assurer le suivi des patients.

Patients, médecins, infirmiers : qui va en payer le prix ?

Si le gouvernement se félicite des économies à venir, les conséquences pour les acteurs du secteur de la santé sont loin d’être anodines. Pour les patients, cette réforme risque d’augmenter les démarches administratives et de créer des situations où ils se retrouveront à court de pansements, notamment s’ils n’ont pas accès rapidement à un professionnel de santé pour valider un renouvellement.

Les médecins, quant à eux, sont contraints de détailler avec précision leurs prescriptions, ce qui alourdit leur charge de travail et rallonge le temps nécessaire à l’établissement d’une ordonnance. De leur côté, les infirmiers libéraux, qui joueront un rôle central dans l’adaptation des soins, dénoncent une responsabilité accrue sans moyens supplémentaires. Pour les pharmaciens, la limitation de la première délivrance complique la gestion des stocks et peut générer des tensions avec les patients qui ne comprendraient pas ces nouvelles restrictions.

Les autorités ont également annoncé une réduction de 5 % des prescriptions de pansements techniques pour les plaies non compliquées dès 2025. Cette mesure, qui vient renforcer la politique de rationalisation, suscite de nouvelles inquiétudes sur la prise en charge des patients en ville comme à l’hôpital.

Un précédent inquiétant ?

Depuis plusieurs années, les autorités tentent de rationner certains dispositifs médicaux et traitements sous prétexte d’optimisation budgétaire. L’Assurance Maladie envisage même la réutilisation de dispositifs médicaux non ouverts, une initiative qui pose de nombreuses questions en termes de traçabilité et de sécurité sanitaire.

La Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) souligne que la limitation à 7 jours de la délivrance des pansements risque de compliquer la prise en charge des patients, surtout en sortie d’hospitalisation.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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