À l’approche de la COP29 à Baku, le nouveau Rapport sur l’écart des émissions souligne un écart croissant entre les actions climatiques nécessaires et les mesures actuellement en place. Avec un réchauffement climatique prévu de +3,1°C, nous sommes confrontés à une urgence croissante d’agir pendant que nous en avons encore la possibilité.
Réchauffement climatique mondial : vers +3,1°C
Une explosion des émissions en 2023
Cette année, les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont franchi un seuil sans précédent, atteignant 57,1 gigatonnes de CO2eq comme l'indique le rapport Emissions Gap Report 2024. Cette hausse de 1,3% par rapport à l'année précédente souligne l'urgence d'intensifier les efforts de réduction pour lutter contre le réchauffement climatique. « Alors que les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un nouveau record de 57,1 gigatonnes équivalent dioxyde de carbone en 2023, les réductions nécessaires à partir d'aujourd'hui sont plus importantes ; il faut réduire les émissions de 7,5 % chaque année jusqu'en 2035 pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. Les promesses actuelles sont loin d'atteindre ces niveaux, nous plaçant sur la voie d'un réchauffement global de 2,6 °C au mieux pour ce siècle et nécessitant à l'avenir des éliminations coûteuses et à grande échelle de dioxyde de carbone de l'atmosphère pour compenser le dépassement », a déclaré Inger Andersen, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'environnement.
Ce chiffre alarmant met en évidence l'accroissement continu des activités industrielles et de transport qui alimentent cette tendance. Il est impératif de mettre en place des politiques plus strictes et efficaces pour inverser cette courbe croissante afin de lutter contre le réchauffement climatique. Le secteur de l'aviation, avec une augmentation de 19,5% des émissions entre 2022 et 2023, et la production d'énergies fossiles, principalement le gaz, le pétrole et le charbon, sont les principaux contributeurs à cette augmentation. La reprise post-Covid de ces secteurs accentue le défi climatique.
Une mise en action des CDN difficile
Les Contributions Déterminées au Niveau National, ces engagements pris par les pays dans le cadre de l'Accord de Paris sur le climat, couvrent 91% des émissions mondiales. Elles visent à réduire les émissions nationales de gaz à effet de serre et illustrent un engagement de principe à réduire les impacts climatiques. Cependant, la mise en œuvre réelle reste incertaine, laissant planer un doute sur l'efficacité des mesures prises.
Seuls 23 engagements prennent en compte tous les gaz à effet de serre, indiquant une lacune significative dans l'approche globale des CDN. L'écart entre les intentions et les actions effectives reste un obstacle majeur à surmonter. Cette situation souligne la nécessité urgente d'une révision et d'une amplification des CDN pour répondre adéquatement aux exigences climatiques actuelles.
Un retard dans la mise en place des mesures
L'Union Européenne semble confiante dans sa capacité à atteindre ses objectifs climatiques, mais les analyses indépendantes peignent un tableau moins optimiste. Ces études soulignent notamment le manque de mesures concrètes et le retard dans la mise en application des politiques nécessaires. De plus, elles soulignent la dépendance persistante de certains États membres à des sources d'énergie hautement polluantes, ce qui compromet les efforts globaux de l'Union.
En France, malgré les affirmations gouvernementales de leadership climatique, les objectifs réels sont insuffisants et les actions inadéquates, comme le souligne le Haut Conseil pour le Climat dans son rapport annuel 2024. Ce dernier critique notamment l'absence de mesures concrètes adaptées à l'urgence de la situation. De plus, il met en évidence un écart croissant entre les engagements pris sur la scène internationale et les politiques mises en œuvre au niveau national.
Un manque d’ambition pour parvenir aux objectifs
Les technologies existent pour réaliser une transition énergétique profonde, avec des solutions à faible coût dans le secteur de l'énergie, comme le remplacement de l'électricité produite à partir de combustibles fossiles par des sources d'énergie propre. Cette transformation pourrait drastiquement réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la qualité de l'air. Toutefois, le passage à l'échelle de ces technologies nécessite un engagement politique ferme et une volonté d'investissement à long terme de la part des gouvernements et du secteur privé.
Cependant, le manque d'ambition politique et de plans concrets et crédibles pour atteindre ces objectifs climatiques freine l'adoption de ces solutions techniques, empêchant des progrès significatifs dans la lutte contre le changement climatique.