Dans cet article percutant, Samuel Brigantino aborde le sujet sensible des monopoles déguisés dans le secteur du vitrage automobile et l’impact qu’ils ont sur la liberté de choix du consommateur et la qualité de service.
Quand un assureur prend le contrôle d’un métier
Quand un assureur met en danger un métier.
Récemment, l’un des leaders de l’assurance a racheté l’un des leaders agréés du monde du vitrage automobile. Une première dans le secteur de l'assurance… : un assureur prend possession d'un réseau de réparation agréé. Par agréé, on entend prescrit par les assureurs. Quand le donneur d’ordre devient le payeur, ce n’est pas du tout sain, voire malsain !
En effet, la liberté de choix du consommateur est largement remise en question : l’assureur prescripteur met tout en œuvre pour que son client aille chez son partenaire agréé en lui faisant croire par exemple, qu’il devra avancer les frais et payer un reste à charge s’il va ailleurs. C’est faux ! Pourquoi aller ailleurs que chez l'opérateur de l'assureur même si le cadre réglementaire impose le libre choix du réparateur ? S’il a légalement la liberté de choisir le prestataire qu’il veut faire intervenir, le consommateur reste toujours très influencé par les indications de l’assureur, et cède souvent à ses arguments.
Par ailleurs, lorsque une assurance agréée un prestataire, elle va exiger de lui des négociations tarifaires très basses. Les conditions d’agrément vont sans aucun doute changer pour les franchisés, et être sans aucun doute plus strictes. Conséquence directe : pour pouvoir survivre, l’entreprise agréée va devoir réduire les coûts et c’est la qualité de service qui s’en ressentira…
Aujourd’hui, si les non-agréés sont plus nombreux que les agréés, ce rachat par un assureur est un moyen de pression supplémentaire sur les indépendants. Ne pas être agréé, c’est ne pas subir la pression des assurances qui tirent les prix de nos prestations vers le bas, par le biais d’experts automobiles mandatés et payés par elles.
Chacun le sait : la baisse des tarifs entraînent très souvent une remise en cause de la qualité des services proposés. Personnellement, je préfère privilégier mes clients que faire des « cadeaux » financiers aux assureurs : par exemple, nous leur offrons la franchise. Mettre le client au centre de l’équation, plutôt que de faire des remises à des compagnies d’assurance, est essentiel !
Les assureurs, au mépris de la loi Consommation votée en 2014 - dite loi Hamon, nous font payer notre indépendance, en ralentissant le remboursement de nos factures et en n ‘en respectant souvent pas les montants. Des pratiques plus que pénalisantes pour l’ensemble des indépendants. Il faut être assez solide financièrement pour garder sa liberté ! Ce n’est pas donné à tout le monde.
Aujourd’hui, si nous laissons faire, non seulement le consommateur est manipulé, mais notre métier est également mis en danger : le savoir-faire va laisser place à des poseurs de vitrage à la petite semaine. Les assureurs vont pouvoir se targuer d’être assez puissants pour non seulement tuer notre métier, mais aussi tous les métiers qui dépendent de l’assurance, à l’instar des carrossiers, en maîtrisant peu à peu la chaîne de réparation automobile.
Il est temps que les professionnels de la réparation du bris de glace indépendants montent au créneau, défendent leur filière et montrent qu’ils peuvent tenir le rôle du pot de fer !