Monsieur le Premier ministre, si vous voulez que nous vous accordions notre confiance, instaurez la proportionnelle !

Alors que les médias s’évertuent à nous faire croire que l’actualité politique se résume exclusivement au choix du futur Premier ministre, et passent leur temps à scruter le moindre signe qui laisserait penser que le prince-président de l’Elysée aurait enfin trouvé le candidat idéal, je préfère porter mon attention, pour mieux le dénoncer, sur le véritable hold-up démocratique issu des dernières élections législatives.

Arambaud
Par Stephane Rambaud Publié le 18 septembre 2024 à 5h00
Vote Carte Election
@shutter - © Economie Matin
66%La participation aux élections législatives de 2024 a dépassé les 66%.

Plus de 10 millions de voix se sont portées sur les candidats du Rassemblement national, quand le Nouveau Front populaire plafonne à 7 millions, et l’ancienne majorité présidentielle ne dépasse pas les 6,6 millions de voix si l’on y ajoute les voix obtenues par les candidats Horizons. Comment se fait-il donc que le groupe RN ne soit pas majoritaire sur les bancs de l’Assemblée nationale ?

Les raisons en sont simples et sont connues de tous : elles tiennent essentiellement au mode de scrutin utilisé pour les législatives. Avec le scrutin majoritaire à deux tours, les combinazione et les arrangements entre partis sont monnaie courante et permettent, entre les deux tours de scrutin, les pire compromis possibles entre partis. Avec pour seul objectif, non pas, de répondre aux attentes des électeurs, non pas, de proposer un projet politique rassembleur mais tout le contraire : simplement « faire barrage » au Rassemblement national.

En demandant à leurs candidats de se désister les uns pour les autres, LFIstes, écologistes, communistes, socialistes, macronistes, Républicains se compromettent ensemble, que Xavier Bertrand, se prétendant de droite, puisse déclarer sur une chaîne nationale à une heure de grande écoute qu’il appelle à voter communiste contre les candidats RN est absolument lunaire.

215 candidats étaient qualifiés au soir du premier tour pour participer à une triangulaire ou une quadrangulaire.

Une configuration où la division des votes profite normalement au candidat arrivé en tête au premier tour. C’est très exactement le souhait initial du législateur, en instaurant ce mode de scrutin.

Mais les candidats aux législatives, donc, à la députation, ont trahi l’esprit de la loi, en se désistant pour n'offrir aux électeurs qu'un adversaire face aux candidats du Rassemblement national. Ils ont ainsi rassemblé non pas ceux qui portent et défendent un projet commun, cohérent, mais ceux que tout oppose, qui bien souvent, se détestent cordialement .

Cette stratégie perverse, ce déni de démocratie, a surtout profité à Ensemble, qui a remporté 86 des circonscriptions concernées par les triangulaires et quadrangulaires, contre 57 pour l'alliance de gauche et 30, « seulement » pour les candidats LR en rupture de banc avec leur président, qui, courageusement, a choisi la voie du Rassemblement aux côtés de Jordan Bardella et Marine Le Pen. Résultat, seuls 42 candidats du Rassemblement ont réussi à l'emporter dans ces duels.

Ce résultat antidémocratique montre à quel point le mode de scrutin majoritaire à deux tours, une fois dévoyé, ne peut plus être utilisé désormais pour désigner les députés de la Nation.

Chance, d'autres modes de scrutin existent, et sont utilisés avec succès dans de grandes démocraties. Le scrutin uninominal à un seul tour, par exemple, utilisé chez nos voisins anglais désigne le candidat qui arrive en tête quel soit son score. S'il avait été utilisé pour les législatives, en juin dernier ce mode de scrutin aurait envoyé… 297 députés du Rassemblement National à l’Assemblée. Ce qui aurait donné une majorité nette à Jordan Bardella, Premier ministre. Exactement ce qui manque à notre pays, depuis bientôt deux mois !

C’est désormais une évidence : Le mode de scrutin actuel a fait son temps. C’est pourquoi il est urgent de changer de mode de scrutin pour désigner les représentants du Peuple. La proportionnelle est la solution portée depuis toujours par Marine Le Pen et le Rassemblement national. C’est celle que j’appelle aussi de mes vœux avec mes collègues du Groupe RN de l’Assemblée.

Ce mode de scrutin, qui alloue des sièges aux listes de candidats proportionnellement au nombre de voix reçues, est le seul qui permette d’être le reflet exact de l’opinion des Français. Les électeurs, informés des conséquences de leur vote, (chaque bulletin ayant le même poids, la même efficacité, la même puissance, quelle que soit l’urne dans laquelle il est déposé, sans que les tripatouillages des découpages électoraux ne volent l’éléction à bien des candidats) peuvent alors voter directement pour leurs idées, sans entrer dans les combinazione.

Soyons clairs, quel que soit le Premier ministre demain, ce qui nous importe désormais est de savoir ce qu’il va proposer comme projet politique pour la France. Et la réforme du mode de scrutin aux législative, avec l’instauration de la proportionnelle serait, bien évidemment, de nature à nous inciter à lui accorder notre confiance.

Mais la confiance, cela se mérite ! L’engagement de réformer le mode de scrutin pour les prochaines législatives qui ont de bonnes chances d’avoir lieu dans un an serait un bon commencement.

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Arambaud

Stéphane Rambaud RN est député du Var.

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