Le piratage de films et séries, longtemps considéré comme une pratique en déclin face à l’essor des plateformes de streaming légales, connaît aujourd’hui un renouveau spectaculaire. La raison ? Elle est simple : les services se sont multipliés, les prix ont augmenté… et les internautes en ont marre de payer.
Internet : le grand retour du piratage de films et séries
Le piratage est de retour dans le monde
Avec le développement des plateformes de streaming, et tout particulièrement de Netflix qui a lancé le secteur, le piratage était presque devenu hasbeen. Certes, il ne s’est jamais arrêté, mais il a reculé. Sauf que le secteur s’est morcelé et le piratage fait face à un regain d'activité.
Les raisons ? Une augmentation des coûts d'abonnement, des restrictions sur le partage de comptes, et une fatigue générale des consommateurs face à la multiplication des plateformes. Sans compter les dizaines de séries annulées pour des raisons économiques, ce qui déçoit fortement les fans. Si bien qu’en 2022, le piratage de films a bondi de 39% et celui des séries de 9% à l'échelle mondiale.
Pourquoi le piratage a le vent en poupe ?
Les profils des utilisateurs s'orientant vers le piratage sont divers, allant de l'individu cherchant à contourner les restrictions budgétaires à celui frustré par la complexité et le coût cumulé des multiples abonnements nécessaires pour accéder à un catalogue complet. Cette tendance est exacerbée par les mesures restrictives des plateformes, telles que l'interdiction du partage de comptes et l'introduction de publicités dans les formules d'abonnement moins coûteuses.
Pour bénéficier d’un catalogue relativement complet, les internautes qui ne veulent pas pirater les films doivent avoir plusieurs abonnements. Or, avec la hausse des prix, trois services peuvent facilement coûter une trentaine d’euros par mois, soit plus de 300 euros par an. Un coût que les ménages ne veulent plus supporter, voire ne peuvent plus à cause de la hausse généralisée des prix à la consommation.
40 milliards de visites de plus pour les sites de piratage
L'augmentation du piratage est directement liée à la hausse des prix et à la segmentation du marché du streaming. Les consommateurs se retrouvent face à un dilemme : payer plus pour moins de contenu ou se tourner vers des alternatives illégales, souvent plus complètes et moins onéreuses.
Et il semblerait que ce soit cette dernière option qui prend le dessus. En 2023, les visites sur les sites de piratage ont atteint le chiffre alarmant de 141 milliards, contre 104 milliards en 2020, selon la firme Parks Associates citée par Bloomberg. Et le cabinet de préciser que cette tendance haussière pourrait durer plusieurs années, avec les estimations les plus optimistes qui parlent d’un pic en 2027.
Les plateformes de streaming payent leur volonté de gagner plus
Les conséquences économiques pour l'industrie du streaming sont considérables. Les pertes dues au piratage s'élèvent à des milliards de dollars annuellement, affectant non seulement les revenus des plateformes mais aussi ceux des créateurs. Selon la Chambre du Commerce américaine, les seuls Etats-Unis subissent 30 milliards de dollars de pertes annuelles à cause du piratage, ce qui supprime plusieurs centaines de milliers d’emplois potentiels.
Des études prévoient que les pertes pourraient s'accroître, avec des sites de streaming illégaux générant jusqu'à 2 milliards de dollars de profits par an grâce à la publicité et aux abonnements.
La lutte contre le piratage va-t-elle se renforcer ?
Face à cette recrudescence, l'industrie du cinéma, sous l'égide de la Motion Picture Association (MPA), intensifie ses efforts pour combattre le piratage, considéré désormais comme une forme de crime organisé. Avec des unités spéciales dirigées par des vétérans de la lutte contre le trafic de drogue, l'industrie espère obtenir un soutien accru des forces de l'ordre pour endiguer ce fléau.
Une unité dédiée, appelée l’Alliance pour la Créativité et les Loisirs (Alliance for Creativity and Entertainment), a même été lancée par la MPA en 2017 et se composerait de plus d’une centaine de détectives qui font la chasse aux réseaux de piratage partout dans le monde. Durant la première année, l’ACE aurait même réussi à diviser par 10 le nombre de sites de streaming illégal en Amérique du Nord.