La mutation du marché de la photographie

Le marché de la photographie ne bat plus au même rythme qu’il y a quelques années. La frénésie des records du début des années 2010 a laissé place à un marché plus mature et moins spéculatif ; le marché de la photo retrouve désormais un équilibre.

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Par Artransfer Publié le 9 février 2025 à 9h30
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85%85 % des œuvres photographiques ont été adjugées à moins de 1 000 dollars au premier semestre 2024

Un démarrage difficile pour le marché de la photo

La photographie, longtemps en marge du marché de l’art, n’a vraiment trouvé sa place qu’à partir des années 1990. À l’aube des années 2000, on dénombrait entre 7 000 et 8 000 clichés adjugés chaque année. La demande s’est affirmée, et la photographie a pris de plus en plus de place dans les collections.

La photographie est en effet le médium abordable par excellence avec 85 % des œuvres adjugées à moins de 1 000 $ au premier semestre 2024. Outre son accessibilité, d'autres atouts assurent à la photographie un succès grandissant : sa facilité de transport et de stockage ainsi que sa compatibilité avec les ventes en ligne, grâce à son format bi-dimensionnel.

Les excès et l'emballement des années 2000

Le marché de la photo connaît ensuite une explosion dans les années 2000. Il est dominé par quelques grands noms de la photographie contemporaine dont les tirages se vendent plusieurs millions de dollars. Parmi les artistes de la seconde moitié du XXe siècle on retrouve Andreas Gursky, Richard Prince, Cindy Sherman, Jeff Wall et Gilbert & George.

Leurs noms ont fait les records des ventes aux enchères de ces 20 dernières années. En 2005 l’Américain Richard Prince franchit pour la première fois le cap du million de dollars avec un immense ektachrome de sa série Cowboy (1989), adjugé 1,2 millions de dollars chez Christie’s New York battu en 2011 par le fameux Rhein II d’Andreas Gursky, vendu 4,3 millions de dollars.

Les collectionneurs, attirés par le potentiel de valorisation rapide de ces œuvres, se tournent ainsi massivement vers la photographie, contribuant à créer une bulle spéculative.

La chute des grands noms contemporains

Dix ans après la course aux records des années 2010 centrée sur les grands noms contemporains, le marché a radicalement changé; il s’est réajusté, privilégiant désormais une approche plus équilibrée et moins spéculative.

Le produit des ventes mondial a chuté de moitié, atteignant seulement 24 millions de dollars au premier semestre 2024, contre 57 millions sur la même période en 2014, l’âge d’or des records pour Cindy Sherman, Andreas Gursky, Gilbert & George et Richard Prince. Ces artistes dominent toujours le marché contemporain, mais avec nettement moins d’éclat ce qui explique la baisse générale du résultat mondial depuis : Cindy Sherman a vu ses résultats chuter de -78 % entre 2014 et 2023, Gursky de -87 %, et Prince de -80 %.

Une mutation dans le marché de la photo

Avec la fin de cette spéculation, le marché de la photo s’assainit enfin. Plusieurs facteurs expliquent cette mutation.

Tout d’abord le recul des grands noms contemporains a permis à d’autres noms plus historiques de la photographie de monter en tête des classements, avec des records récents pour Richard Avedon, Man Ray et Diane Arbus.

Par ailleurs, le marché de la photographie contemporaine s’est considérablement diversifié. Les collectionneurs recherchent désormais des œuvres rares et significatives, privilégiant des artistes émergents ou sous-représentés, aux horizons, cultures et engagements variés comme Zanele Muholi, que Paris Photo et la Maison Européenne de la Photographie mettaient en lumière en 2021 ainsi que d’autres femmes photographes.

Ensuite, la digitalisation accrue, amplifiée par la pandémie, a modifié les modalités d'achat et de vente et a favorisé les ventes en ligne, notamment pour la photographie et l'estampe. Des plateformes en ligne permettent désormais un accès plus large aux œuvres tout en imposant une plus grande transparence sur les prix et les provenances. C’est le cas d’Artransfer, première plateforme de revente et d’achat d'œuvres d’art 100% entre particuliers qui propose la commission la plus basse du second marché (8% côté vendeur, 8% côté acheteur). On y retrouve une sélection variée de photographies de Man Ray, Helmut Newton ou encore Erwin Olaf.

Enfin, des évolutions juridiques récentes, notamment une décision du Conseil d'État français en 2019, ont modifié la perception fiscale des œuvres photographiques, uniformisant le traitement de diverses catégories de photographies, qu'elles soient artistiques ou non.

Les lieux de la photographie contemporaine

La stabilisation du marché de la photographie entraîne la création et l’essor de lieux d’expression et de monstration qui se déploient spécifiquement pour ce médium.

On trouve en effet un certain nombre de galeries spécialisées en photographie qui ont chacune leurs spécificités. La galerie Polka par exemple représente des artistes français et internationaux de l'après-guerre à nos jours qui considèrent le médium photographique, depuis les œuvres documentaires historiques jusqu‘à ses usages plasticiens. De même, Les Douches, met à l’honneur des noms historiques de la photo comme des contemporains. La Galerie Rouge, elle, défend depuis 1975 quelques-uns des plus grands photographes du XXe siècle comme Manuel Álvarez Bravo ou Édouard Boubat. Enfin Galerie Fisheye, ouverte depuis 2016, présente plutôt de jeunes artistes émergents.

Les foires dédiées à la photographie, plus récentes, sont également des évènements majeurs pour le marché de la photographie. Paris Photo, créée en 1997, est la plus grande foire mondiale consacrée à la photographie. Organisée au Grand Palais, elle propose une large sélection d’œuvres couvrant la photographie ancienne, moderne et contemporaine. Photofairs Shanghai, quant à elle, est une foire internationale majeure en Asie dédiée à la photographie et à l'art basé sur l'image, mettant en avant des talents locaux et internationaux. Elle se distingue par son focus sur l'innovation, explorant des pratiques contemporaines, hybrides et numériques, tout en sensibilisant le marché asiatique à la photographie comme médium artistique.

Ensemble, ces lieux participent à l’ancrage de la photographie contemporaine dans le paysage artistique mondial.

Ainsi après des années d’emballement, le marché de la photo s’assainit et gagne en maturité, répondant aux exigences d’une clientèle plus avertie et d’un environnement en évolution constante.

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Première plateforme de revente et d’achat d’oeuvres d’art entre particuliers, Artransfer facilite les transactions en proposant un cadre simple, sécurisé et confidentiel. Fondé par des professionnelles du marché de l’art, Artransfer met également à disposition un service personnalisé de recherche d’œuvres d’art ainsi que tout un écosystème de services de gestion de collection. Rendre le pouvoir à l’amateur d’art, telle est la mission d’Artransfer et de Magda Danysz, Haude Le Roux et Constance Remy, ses co-fondatrices. Application iOS et Android disponible sur les stores

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