La raffinerie TotalEnergies de Donges (Loire-Atlantique), l’une des plus anciennes et stratégiques de France, a de nouveau été le théâtre d’un incident majeur. Dans la soirée du 23 novembre 2024, une brèche de deux centimètres sur un cordon de soudure a provoqué la fuite de près de 15 000 litres de pétrole brut, contaminant environ 500 m² de la Loire. Ce site, classé Seveso seuil haut, est crucial pour le raffinage national, mais cet énième accident souligne des défaillances structurelles inquiétantes.
Pétrole : la fuite de Donges fragilise le secteur énergétique
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Modifié le 26 novembre 2024 à 12h43
2,5 millions d'euros En 2023, TotalEnergie avait dû payer une amende de 2,5 millions d'euros
L’impact économique direct de cet incident est double :
- Les coûts de containment et de nettoyage, assumés partiellement par TotalEnergies, pourraient s'élever à plusieurs centaines de milliers d’euros.
- La réputation de la raffinerie, essentielle pour son maintien en activité, subit une nouvelle érosion, posant la question de sa rentabilité à long terme.
Une infrastructure vieillissante, un secteur sous pression
La raffinerie de Donges est emblématique des défis auxquels fait face le secteur pétrolier français. Mise en service en 1932, elle illustre la dépendance industrielle aux installations historiques, souvent mal adaptées aux exigences environnementales contemporaines. Malgré des investissements réguliers, le vieillissement des infrastructures reste une menace récurrente pour leur fiabilité.
Historique des incidents à Donges :
- Décembre 2022 : Fuite de 800 000 litres de naphta.
- Février 2024 : Arrêt complet pour corrosion des infrastructures.
- Novembre 2024 : Fuite de pétrole brut, malgré des inspections récentes.
| Date | Incident | Impact estimé |
|---|---|---|
| Décembre 2022 | Fuite de naphta | Coût de nettoyage : environ 1 million d’euros |
| Février 2024 | Arrêt technique complet | Perte de production significative |
| Novembre 2024 | Pollution pétrolière | Risque réputationnel accru |
Ces épisodes récurrents posent la question de la rentabilité de ces sites industriels. Moderniser ou remplacer ces infrastructures représente un défi financier colossal pour les acteurs du secteur, dans un contexte où la transition énergétique réduit leur attractivité auprès des investisseurs.
Une menace pour la chaîne logistique et l'économie régionale
La raffinerie de Donges joue un rôle central dans la chaîne logistique pétrolière française, approvisionnant une part importante du Grand Ouest. En cas d’arrêt prolongé, l’impact sur l'économie locale serait majeur : transporteurs, sous-traitants industriels et ports voisins subiraient directement les conséquences. En 2023, l'arrêt temporaire de la raffinerie avait déjà entraîné une baisse de 15 % des volumes de produits raffinés disponibles dans la région, obligeant les distributeurs à importer à coûts majorés.
Le fleuve Loire, classé site d'importance écologique majeure, est à nouveau contaminé. Si les autorités affirment que les hydrocarbures devraient se disperser naturellement, les précédents incidents soulignent que ces affirmations sont souvent optimistes. La dégradation durable des écosystèmes aquatiques pourrait entraîner des coûts indirects pour les industries locales dépendant du fleuve, comme le tourisme et la pêche. Les pressions exercées sur les acteurs industriels pour réduire leur impact environnemental se traduisent désormais par des pénalités financières significatives. En 2023, TotalEnergies avait été condamné à payer une amende de 2,5 millions d’euros pour un autre incident écologique.
Quels enseignements pour l’avenir du secteur pétrolier français ?
La répétition de ces incidents interroge sur la viabilité d’un modèle économique dépendant de sites vieillissants. Si les investissements dans les énergies fossiles, et notamment le pétrole, restent stratégiques, les acteurs industriels doivent intégrer une modernisation accélérée pour répondre aux attentes réglementaires et sociales.
La transition énergétique accroît également la pression sur les groupes comme TotalEnergies, pris entre des investissements coûteux dans le renouvelable et l'entretien des infrastructures existantes. L’échec de la gestion proactive à Donges pourrait servir de leçon pour d’autres sites à risque en France.