Pétrole : l’OPEP voit la demande augmenter, l’AIE baisser

Dans le monde de l’énergie, les prévisions sont un exercice délicat et souvent sujet à débat. C’est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de la demande future de pétrole. L’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) et l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) offrent deux visions contrastées de l’avenir de la demande de pétrole.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 29 juin 2023 à 11h28
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Pétrole : l’OPEP voit la demande augmenter, l’AIE baisser - © Economie Matin
120 DOLLARSEn mai 2022 le prix du baril de pétrole a dépassé les 120 dollars.

Alors que l'OPEP prévoit une reprise rapide et une demande accrue, l'AIE adopte une vision plus prudente, soulignant l'impact des politiques environnementales et de l'essor des énergies renouvelables. Quelle vision de l'avenir de la demande de pétrole se rapprochera le plus de la réalité ?

L'OPEP et l'AIE : deux prévisions divergentes pour la demande de pétrole

L'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) et l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE) sont deux entités influentes dans le secteur de l'énergie, mais leurs prévisions sur la demande future de pétrole divergent considérablement. Selon l'OPEP, la consommation de pétrole atteindra un sommet en 2023, avec une demande mondiale estimée à 100,8 millions de barils par jour (mb/j), en hausse par rapport aux niveaux pré-pandémiques.

Et la hausse devrait se poursuivre. Pour l’OPEP, à l’horizon de 2045, la demande mondiale pourrait atteindre 110 millions de barils par jour. Une augmentation poussée par un besoin d’énergie qui grimpera de 23%.

En revanche, l'AIE adopte une vision plus pessimiste. Selon l'agence, la demande de pétrole n'atteindra pas son niveau pré-pandémique avant 2023. Et la croissance de la demande ralentira ensuite, avec une demande mondiale qui pourrait atteindre 96,4 mb/j en 2023. L'AIE met en avant l'impact des politiques environnementales plus strictes et de l'essor des énergies renouvelables sur la demande de pétrole.

Pour l’AIE, le « Peak Oil », soit le moment où la demande de pétrole atteindrait son niveau le plus haut avant d’entamer une inexorable chute, arriverait même plus tôt que prévu. Le 14 juin 2023, elle a prévu  qu'il sera atteint en 2028, soit 7 ans plus tôt. Cette année-là, la demande atteindrait 105,1 millions de barils par jour.

Analyse des facteurs influençant les prévisions de l’OPEP et de l’AIE

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces divergences de prévisions. L'OPEP, qui regroupe les principaux pays exportateurs de pétrole, a un intérêt économique à maintenir une demande élevée de pétrole. Par conséquent, ses prévisions peuvent être influencées par des considérations économiques et politiques. De plus, l'OPEP estime que les pays en développement continueront à dépendre fortement du pétrole pour leur croissance économique.

L'AIE, en revanche, est une organisation internationale qui vise à promouvoir la sécurité énergétique, le développement durable et la croissance économique. Ses prévisions sont basées sur une analyse détaillée des tendances du marché de l'énergie. Et il prend en compte l'impact des politiques environnementales et le développement des technologies d'énergies renouvelables. L'AIE estime que ces facteurs entraîneront une diminution de la demande de pétrole à long terme.

Pétrole : quel avenir pour le secteur ?

Malgré ces divergences de prévisions, il est clair que le secteur pétrolier se confronte à des défis majeurs. La transition vers des sources d'énergie plus propres et plus durables, encouragée par des politiques environnementales plus strictes, pourrait réduire la demande de pétrole à long terme. De plus, l'incertitude économique mondiale, pourrait également affecter la demande de pétrole.

Cependant, le pétrole reste une source d'énergie clé pour de nombreux secteurs, notamment les transports et l'industrie. Dans les pays en développement, où l'accès à l'énergie est un facteur clé de la croissance économique, la demande de pétrole pourrait rester robuste. En outre, les technologies de capture et de stockage du carbone pourraient aider à réduire l'impact environnemental de la production de pétrole, ce qui pourrait soutenir la demande à long terme. Et les pétroliers y croient. En 2023, ce sont près de 500 milliards d’euros qui sont placés dans des projets.

L'avenir de la demande de pétrole est donc incertain et dépendra de nombreux facteurs, dont l'évolution des politiques environnementales, le développement des technologies d'énergies renouvelables et la croissance économique mondiale.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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