Pertes historiques pour EDF en 2022

Le contraste est saisissant. Alors qu'en 2021, EDF affichait un bénéfice de 5,1 milliards d'euros, l'an dernier l'entreprise publique a enregistré les pires pertes de son histoire : 17,9 milliards ! Et ce malgré une hausse vertigineuse de son chiffre d'affaires, à 143,5 milliards (+70%). Ces pertes creusent un peu plus le boulet de l'endettement qui se monte à 64,5 milliards d'euros. Là aussi, c'est un record… La flambée des prix de l'énergie n'a pas suffi à compenser les nombreuses difficultés rencontrées par l'électricien l'an dernier, à commencer par ses problèmes de production.

Une production trop faible face aux besoins

Le parc nucléaire n'a pas été au rendez-vous des besoins. Une bonne partie des 56 réacteurs d'EDF a été en maintenance ou en réparation en raison de la découverte de corrosion sur les tuyaux. La disponibilité moyenne du parc a été de 54% seulement, contre 73% entre 2015 et 2019. Les réacteurs restants n'ont pu produire que 279 térawattheures l'an dernier, il faut remonter à 1988 pour retrouver un tel niveau si bas. L'hydro-électricité n'a malheureusement pas compensé à cause des épisodes de sécheresse qui ont impacté les barrages.

Les injonctions de l'État plombent EDF

Et puis il y a eu le bouclier tarifaire imposé par l'État, qui a limité la hausse des factures à 4% à un moment où EDF a été dans l'obligation d'importer de l'énergie vendue à prix d'or. Et que l'entreprise a dû revendre à prix cassé à la concurrence. Rien que cette mesure a représenté plus un coût dépassant les 8 milliards d'euros. « Malgré une forte hausse du chiffre d’affaires soutenu par les prix de l’électricité et du gaz, l’Ebitda est fortement pénalisé par la baisse de production nucléaire ainsi que les mesures régulatoires exceptionnelles mise en place en France pour 2022, dans des conditions de marché difficiles », a résumé Luc Rémont, le nouveau PDG dont la tâche va être immense.