L’Insee révèle une augmentation significative du taux de privation matérielle en France. Les zones rurales et les familles monoparentales sont les plus touchées, et même les personnes au-dessus du seuil de pauvreté ne sont pas épargnées.
Pauvreté : augmentation inquiétante de la privation matérielle en France
Les zones rurales et les familles monoparentales subissent de plein fouet la hausse du taux de privation matérielle en France. Selon une étude récente de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) révélée par Le Parisien, ces deux groupes sont particulièrement vulnérables. En début d'année 2022, 11,2% des résidents des zones rurales étaient en situation de privation matérielle, en augmentation par rapport aux 9% de 2020. De leur côté, 30% des familles monoparentales se trouvent dans cette situation préoccupante, contre 26% un an plus tôt. Jean-Luc Tavernier, directeur général de l'Insee, précise que le taux de personnes en situation de privation matérielle a atteint 14% en 2022, soit environ 9 millions de personnes. C'est le plus haut niveau depuis la création de cet indicateur en 2013. Ce taux avait déjà connu une hausse progressive, passant de 11,3% en 2021 à 13,4% juste avant la crise sanitaire.
Des privations matérielles durement ressenties
Outre les disparités géographiques et familiales, la flambée des prix, notamment alimentaires, pousse un grand nombre de Français à changer leurs habitudes de consommation. Selon Jean-Luc Tavernier, « 9,4% des personnes interrogées déclarent qu'elles ne peuvent pas, pour des raisons financières, manger de la viande ou du poisson tous les jours ». Ce taux était de 6,3% en 2021. De plus, 10% de la population ne peut pas s'acheter de vêtements neufs, et une sur dix n'a pas les moyens de se chauffer correctement.
Découplage entre revenus et sentiment de précarité
Une donnée inattendue de l'étude de l'Insee est que la moitié des personnes en situation de privation matérielle se trouvent « au-dessus du seuil de pauvreté », comme le souligne Jean-Luc Tavernier. Ce phénomène met en lumière un décalage entre le ressenti de précarité et le niveau de revenus effectifs. Tavernier ajoute que cette situation pourrait à terme entraîner une augmentation du taux de pauvreté en France, qui s'élevait à plus de 14% de la population en 2022. « On peut s'attendre à une hausse de la pauvreté et de la précarité » dans les années à venir, prévient-il.