Elever un enfant : un job qui coûte (très) cher, autant qu’une maison !

Couches, crèche, études… Saviez-vous que mettre un enfant au monde revient, en moyenne, à l’équivalent du prix d’une maison ? Selon une étude récente menée par l’assureur AG, les parents belges déboursent 264.000 euros pour élever un enfant jusqu’à ses 25 ans. Un chiffre vertigineux qui interroge : avoir un enfant est-il devenu un luxe réservé aux plus aisés ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 20 mars 2025 à 6h24
Accueil d’un enfant : vers un congé parental plus long et mieux payé ?
Accueil d’un enfant : vers un congé parental plus long et mieux payé ? - © Economie Matin
2,2%En France en 2024, c’est 663.000 enfants qui sont nés, soit 2,2% de moins que l’année dernière.

Le 19 mars 2025, une étude publiée par l’assureur AG a révélé un chiffre qui fait froid dans le dos : élever un enfant coûterait en moyenne 264.000 euros. Cette estimation repose sur la comparaison des dépenses de deux couples similaires, l’un avec enfant, l’autre sans. La différence observée permet de mesurer l’impact financier de la parentalité sur un ménage moyen. Nourriture, logement, loisirs, études… chaque aspect du quotidien vient alourdir la facture et pose la question de l’accessibilité de la parentalité. À ce prix-là, élever un enfant est-il toujours un choix envisageable pour les ménages moyens ?

Un enfant ou une maison : une comparaison brutale

L’étude de l’assureur AG révèle un surcoût considérable pour les foyers avec enfants, basé sur un revenu familial net moyen de 3.908 euros par mois. Le chiffre de 264.000 euros englobe les dépenses courantes, notamment l’alimentation, l’habillement, les loisirs, ainsi que les frais de garde et d’éducation. Le poids des études supérieures, estimé à 14.000 euros en moyenne, s’ajoute à l’ensemble, sans oublier les frais de crèche non subventionnée, qui peuvent atteindre 8.000 euros par an en Belgique.

L’impact de ces dépenses devient encore plus frappant lorsqu’il est mis en parallèle avec le prix médian d’une maison en Belgique, qui s’élève à 275.000 euros. Ce constat, aussi marquant soit-il, mérite toutefois d’être nuancé. L’étude ne prend pas en compte les aides publiques, comme les allocations familiales et les avantages fiscaux, qui viennent atténuer le coût réel. Ce qui, en France, permet de réduire la facture. Mais il n’en reste pas moins qu’un enfant de ses 0 à ses 25 ans coûte très cher.

Les parents jonglent avec les coûts

Face à cette réalité, de nombreuses familles adoptent des stratégies pour limiter l’impact financier de la parentalité. L’achat de seconde main est devenu un réflexe pour de nombreux parents, qui privilégient les vêtements d’occasion, les brocantes et les échanges entre familles pour éviter des dépenses inutiles. L’optimisation des courses, la gestion rigoureuse du budget et l’anticipation des achats permettent également de réduire certains coûts.

Barthélémy Decraene, père de deux enfants, témoigne de ces ajustements quotidiens : « On privilégie la seconde main, on achète en brocante, on garde tout pour le deuxième enfant, on partage les vêtements, on donne aussi à des amis qui en ont besoin. » (RTL Belgique, 19 mars 2025). Cette capacité à rationaliser les dépenses est essentielle pour de nombreux foyers, qui doivent composer avec des revenus limités et un coût de la vie en hausse constante.

L’anticipation joue également un rôle clé dans la gestion du budget familial. Certains parents mettent en place un compte épargne dès la naissance de leur enfant afin de préparer le financement des études supérieures. D’autres préfèrent capitaliser sur les aides disponibles, en optimisant les allocations familiales ou en profitant des dispositifs de soutien à l’éducation.

L’éducation et le logement, des facteurs déterminants

Si les dépenses courantes sont bien identifiées, d’autres coûts plus indirects viennent alourdir la facture finale. Le logement est l’un des postes de dépense les plus sous-estimés. Lorsqu’un couple décide d’agrandir la famille, la nécessité d’un logement plus spacieux entraîne des frais supplémentaires. Un déménagement, l’augmentation du loyer ou un achat immobilier plus coûteux viennent grever le budget parental.

L’éducation est un autre facteur essentiel. Les frais de scolarité et les dépenses annexes, comme les fournitures ou les trajets domicile-école, pèsent lourdement sur les finances des ménages. Si certaines familles bénéficient d’aides pour alléger ces coûts, d’autres doivent assumer pleinement les frais liés aux études supérieures de leurs enfants. Pour certains parents, mettre de l’argent de côté dès la naissance de leur enfant devient une nécessité. Comme le souligne Barthélémy Decraene : « Elles ont chacune leur propre compte en banque et on met de côté pour être prêts. » Une précaution qui, toutefois, reste hors de portée pour de nombreux foyers.

La parentalité, un choix de plus en plus coûteux ?

Alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter, la question de la natalité se pose de manière plus aiguë. De plus en plus de jeunes couples hésitent à avoir des enfants en raison de l’impact financier que cela représente. En Europe, la baisse de la natalité est un phénomène préoccupant, directement lié aux contraintes économiques et à l’incertitude financière des ménages.

Face à cette tendance, certaines politiques publiques pourraient jouer un rôle crucial. L’augmentation des allocations familiales, le plafonnement des frais de crèche ou la mise en place de mesures fiscales favorisant les familles pourraient contribuer à rendre la parentalité plus accessible.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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