Une augmentation des retraits d'espèces a en effet été constatée, tant en France qu'au Royaume Uni, où l'association du secteur financier UK Finance a indiqué que "les paiements en cash avaient augmenté en 2022 de 7 %". L'heure est aux comptes justes et des habitudes que l'on pensait perdues reviennent finalement dans les pratiques quotidiennes, toutes générations confondues. Les Français font des retraits d'espèces à hauteur du montant qu'ils ne dépassent pas pour leurs courses, ou conservent, par discrétion voire nécessité, la pratique du paiement en espèces pour des achats plus importants.
Les Français apprécient le cash
Le règlement en espèces, bien ancré dans les habitudes françaises malgré le développement des moyens de paiement électroniques, suscite à la fois nostalgie et débats. Une étude de la Banque centrale européenne (BCE) montre que les espèces sont utilisées pour 59 % des transactions au point de vente en France en 2022, devançant ainsi la carte bleue (43 %) et les applications mobiles, chèques et virements.
Les Français utilisent par tradition le cash, notamment parce qu’il permet au quotidien de contrôler les dépenses, parce qu’il reste un moyen de paiement anonyme garantissant la protection de la vie privée, mais aussi parce qu’il permet un paiement immédiat et sans frais. Ainsi, un sondage réalisé par l’IFOP en 2021 pour la Monnaie de Paris, rappelait un niveau élevé d’attachement au cash pour 83% des Français interrogés. Si un grand nombre de transactions en espèces est possible en France, il existe toutefois des plafonds à ne pas dépasser.
Le cash à tout prix : entre mythe et réalité
Pour sa confidentialité, le suivi des dépenses, la rapidité et la sécurité des paiements mais aussi pour l’inclusion sociale, le paiement en liquide reste un moyen simple de régler ses dépenses au quotidien chez tous les commerçants et pour un grand nombre d’achats. Il symbolise, par là même, une liberté indéniable, voire une alternative incontournable pour qui ne souhaite ou ne peut effectuer des paiements dématérialisés.
Cependant, si l’euro, monnaie légale en France depuis 2002, doit être accepté de tous, il peut arriver qu’un règlement en espèces vous soit refusé. En effet, comme le rappelle l’ACPR - AMF, un commerçant peut refuser des pièces abîmées ou des billets déchirés. Nul n’est par ailleurs tenu d’accepter plus de 50 pièces lors d’un paiement en espèces. Il faut également savoir qu’un commerçant n’est pas tenu de rendre la monnaie, il vous revient donc de faire l’appoint lors d’un paiement en espèces. Si un vendeur ne dispose pas d’un fonds de caisse suffisant, il peut aussi refuser un paiement en espèces. Les règlements en espèces atteignant un certain montant sont également très encadrés, afin d’éviter le blanchiment d’argent. Toujours chez un professionnel, il est possible de payer en liquide jusqu’à 1.000 euros, ce plafond est relevé à 15.000 € si votre domicile fiscal est à l'étranger et que vous réglez une dépense personnelle. Notez par ailleurs, que les paiements effectués ou reçus par un notaire pour le règlement de certaines transactions immobilières peuvent s'effectuer en espèces si la transaction ne dépasse pas 3 000 €. C'est le cas, par exemple, pour l'achat d'un terrain ou d'un logement. Le paiement en espèces entre particuliers (achat d'une voiture par exemple) n'est pas limité. Un écrit est tout de même nécessaire au-delà de 1 500 € pour prouver les versements. Quoiqu’il en soit, nos habitudes et préférences en matière de règlement ne doivent donc pas nous faire oublier ou méconnaître la loi.
Règlement en espèces : peut-être le moyen le plus sûr de se faire payer
Le choix des modes de paiements étant offert, les règlements en espèces gardent une avance intéressante sur des moyens de paiement dématérialisés et notamment sur la carte bancaire. Cette dernière ne représente que 43% des paiements en points de vente à l'échelle nationale et 34% en zone euro. Une surprise demeure. « Contrairement à ce que la précédente enquête, réalisée en juillet 2020, pouvait laisser penser, la crise sanitaire n'a finalement eu qu'un impact modéré sur les habitudes de paiement en espèces », rappelle la Banque de France.
En effet, « la majorité des consommateurs (56% en France et 54% en zone euro) estime ne pas avoir changé sa fréquence d'utilisation des espèces aux points de vente depuis 2019 ». La diminution tient essentiellement à la facilité des moyens de règlement par sans contact. Par ailleurs, le règlement en espèces est un des plus sûrs. La Banque Centrale Européenne a publié le 30 janvier 2023 les chiffres de la contrefaçon dans la zone Euro pour l’année 2022. Avec 376 000 faux billets retirés de la circulation, l’année 2022 figure, avec 2021, parmi les deux années enregistrant le plus faible volume de contrefaçons depuis la création de la monnaie unique.
En définitive, le paiement en espèces est encore un moyen de paiement plébiscité par les Français, mais il reste soumis à des règles strictes pour éviter les abus. En tant que consommateurs, 57 % des Français considèrent qu’il est important d’avoir la possibilité de payer en espèces, une liberté qui permet essentiellement une meilleure gestion des dépenses et la protection de la vie privée. « Les billets en euros utilisés par les Français dans leur vie quotidienne font partie des devises les mieux protégées au monde », précise un communiqué de la Banque de France de février dernier. Un argument de poids si l’on considère qu’il y a certes un risque de se voir remettre un faux billet, mais que ce dernier reste moindre et plus facile à détecter qu’une captation de données bancaires lors d’un paiement en ligne.