L’ostracisme de la classe politique depuis quarante ans à l’égard du FN/RN met celui-ci aujourd’hui aux portes du pouvoir…

La crise institutionnelle générée par l’inexpérience politique d’Emmanuel Macron ne pourra être résolue qu’à l’occasion d’une prochaine élection présidentielle. Dans un pays où la droite est majoritaire, une victoire du RN serait probable. Sauf si le coup dit du “Front républicain“ marchait encore une fois. Ce qui n’est pas le plus probable…

Alain Dumait
Par Alain Dumait Publié le 7 janvier 2025 à 10h40
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L’ostracisme de la classe politique depuis quarante ans à l’égard du FN/RN met celui-ci aujourd’hui aux portes du pouvoir… - © Economie Matin

D’abord, la citation de la semaine :

« Le but suprême de l’humanité est la liberté individuelle », Ernest Renan

Au plan politique, l’année 2025, pour les Français, sera (déjà…) toute entière tournée vers la prochaine élection présidentielle, qui est certes prévue pour 2027, mais dont de plus en plus d’observateurs s’attendent à ce qu’elle soit anticipée, peut être dès cette année, si la situation parlementaire ne laisse, d’ici peu, pas d’autre choix au Président Emmanuel Macron que la démission, faute de majorité, et de Premier ministre pouvant en disposer.

En 2022, au deuxième tour de la dernière élection présidentielle, l’actuel chef de l’État l’avait emporté sur Marine Le Pen avec 58,5% des suffrages exprimés. À date, le candidat du Rassemblement national, Marine Le Pen ou Jordan Bardella, arriverait en tête au premier tour, la seconde place étant ensuite disputée par un candidat de l’actuelle minorité présidentielle, Gabriel Attal ou Edouard Philippe, ou bien Jean-Luc Mélenchon, à condition qu’il parvienne à faire le plein des voix de la fragile entente dite Nouveau Front Populaire…


Contre Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen l’emporterait sans doute. Contre Edouard Philippe, c’est pour l’instant moins sûr…

En tout cas, que de chemin parcouru depuis 1972 pour le FN/RN !


Et que d’occasions manquées pour la droite de se rassembler, pour faire tout simplement la politique souhaitée par une majorité des électeurs français !…

En 1972, le 7 octobre, a eu lieu le premier congrès du Front National, qui s’est choisi pour président Jean-Marie Le Pen (JM-LP), alors 44 ans. L’ensemble des observateurs de l’époque y voyait une nouvelle tentative de regroupement de divers mouvements d’extrême droite. Pour son président, demeuré nostalgique de son écharpe de député, portée du 19 janvier 1956 au 8 décembre 1958, élu de la première circonscription de la Seine, c’était surtout un retour à la vie politique active, avec le Parlement en ligne de mire.

En 1983, son parti, lors des élections municipales, aurait rassemblé officiellement 0,11% des suffrages exprimés au niveau national. Mais, la liste emmenée par JM-LP dans le 20ème arrondissement de Paris, obtient 11,3%, suffisamment pour se maintenir au deuxième tour, et même assez pour fusionner avec une autre liste.

Le cas fut donc soumis à l’arbitrage de Jacques Chirac, alors Maire de Paris, et président du RPR. Celui-ci, contre l’avis de ses proches conseillers, refusa toute entente. JM-LP ne sera donc, pendant six ans, que simple conseiller d’arrondissement, alors qu’un accord de Jacques Chirac lui aurait ouvert une place de conseiller de Paris…

À partir de là, et définitivement, les deux hommes se combattront, Jacques Chirac préférant même l’élection en 1986 d’un président de région de gauche, plutôt qu’un élu de son propre camp, qui aurait pu bénéficier des voix du FN


Ce refus de tout accord de la droite dite “de gouvernement“, avec le FN, devenu RN en 2018, se vérifiera encore en juillet 2024, lors de la constitution d’un “Front républicain“, pour faire barrage à une victoire annoncée du partie de Marine Le Pen.

C’est ainsi qu’aujourd’hui l’Assemblée nationale se trouve coupée en trois, et le gouvernement sans majorité.


Une “Entente à droite“ (prônée depuis trente ans par l’auteur de cette lettre…) aurait permis d’éviter cette situation de blocage, la vie parlementaire sous la Vᵉ République pouvant supporter l’alternance, mais absolument pas l’absence de majorité !

Au plan électoral, le clivage droite/gauche est non seulement bien ancré dans le paysage politique, mais lui seul, en régime semi-présidentiel, permet un gouvernement stable. Exclure de ce spectre droite/gauche une force politique qui, sans doute de ce fait, d’ailleurs, améliore son score de scrutin en scrutin est littéralement suicidaire, en tout cas pour la droite, et présentement pour la France…

Cet ostracisme, qui n’a profité qu’à l’accusée, a eu un autre inconvénient grave : les thèmes développés par le FN/RN, pourtant souvent de simple bon sens, ont été systématiquement rejetés par les gouvernements successifs, car supposés d’extrême droite.


Ainsi du contrôle de l’immigration clandestine. Réclamer des dispositifs de contrôle et d’expulsion pour des personnes contrevenant à nos règles était considéré comme entaché de bienveillance à l’égard du parti paria…


L’association à une vie politique démocratique normale du FN/RN aurait peut être contribué à éveiller les esprits plus tôt sur le risque de submersion dont plusieurs de nos départements sont déjà l’objet…

Or, si une situation économique peut toujours être redressée (cf la Grèce, ou l’Argentine), le remplacement d’une population par une autre ne s’inverse pas avec les mêmes méthodes.

Très bonne semaine !

Très bonne année 2025 !

Je formule ici des voeux de bonne santé et de prospérité pour chacun des lecteurs de cette publication.

Pour la France, que la sagesse vienne visiter rapidement chacun de nos dirigeant…

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Alain Dumait

Alain Dumait, 79 ans, est journaliste depuis 1970. Il devient éditeur de journaux en 1978 et crée La Lettre A, lance "Les 4 Vérités-Hebdo", puis plusieurs autres publications. Il a racheté L’Essor de la Gendarmerie en 2012, qu'il dirige toujours.

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