Hôpital : voici le meilleur jour pour programmer une opération

Les patients qui se font opérer à l’hôpital en fin de semaine prennent-ils un risque supplémentaire ? Une étude menée sur plusieurs centaines de milliers de patients tend à le prouver. Moins de soignants, suivi postopératoire dégradé, médecins fatigués… Voici pourquoi le lundi est le jour idéal pour passer au bloc opératoire.

Par Alix de Bonnières Publié le 23 mars 2025 à 15h00
opération
Le lundi, jour plus favorable aux opérations chirurgicales. - © Economie Matin

Une intervention chirurgicale n’est jamais anodine. Mais au-delà du choix du chirurgien ou de l'établissement hospitalier, un facteur inattendu pourrait peser sur le taux de réussite d'une opération : le jour de la semaine. Selon une étude publiée dans JAMA Network Open et relayée par Le Figaro Santé, les patients opérés un vendredi présenteraient un risque d'accumulation de complications et de décès par rapport à ceux qui préféreraient un lundi. Quels sont les éléments qui expliquent ce phénomène ? Comment les hôpitaux et les patients peuvent-ils mieux s'organiser ? Décryptage.

L'effet week-end : un danger méconnu pour les patients

Les chercheurs de JAMA Network Open ont analysé les dossiers médicaux de 430 000 patients adultes retenus entre 2007 et 2019. Leur objectif : identifier d'éventuels liens entre le jour de l'opération et les complications post-chirurgicales à l'hôpital. Les résultats sont sans appel :

  • Les patients qui acceptent le vendredi ont 5 % de risques en plus de présenter des complications par rapport à ceux qui acceptent une opération en début de semaine.
  • Ces complications concernent toutes les spécialités chirurgicales : cardiologie, orthopédie, neurologie, gynécologie, chirurgie générale…
  • Le risque de réhospitalisation et de décès est plus élevé à 30 jours, 90 jours et un an après l'intervention pour ceux qui ont été opérés en fin de semaine.

Pourquoi ce phénomène ? Tout simplement parce que les soins postopératoires du week-end sont souvent moins rigoureux qu'en semaine. Une fois le vendredi soir arrivé, les effectifs hospitaliers diminuent et le suivi des patients devient plus difficile.

Un hôpital au ralenti le week-end

Le principal problème mis en évidence par les chercheurs est le manque de personnel médical disponible les samedis et dimanches. Plusieurs facteurs aggravent cette situation :

  • Effectifs réduits : les hôpitaux fonctionnent en service minimum pendant le week-end. Moins d'infirmiers, moins d'aides-soignants, et souvent des internes moins expérimentés pour assurer les soins.
  • Moins d'interventions en cas de complications : une équipe réduite signifie une détection plus tardive des complications et donc un retard dans les soins d'urgence.
  • Médecins et chirurgiens en pause : les chirurgiens seniors prennent souvent leurs congés en fin de semaine, laissant les patients sous la surveillance d'équipes de garde parfois moins expérimentées.

Le professeur David Fuks, président de l'Association française de chirurgie, l'admet lui-même dans Le Figaro Santé : « Dans tous les services où je suis passé, on évite les 'grosses' opérations et les cas compliqués le vendredi, en fin d'après-midi ou juste avant les vacances ».

Une question d'organisation hospitalière

Si l'effet week-end est bien documenté dans les hôpitaux nord-américains, qu'en est-il en France ? Les études sont rares, mais les témoignages de médecins confirment une tendance similaire.

Le professeur Patrice Mertl, spécialiste en chirurgie orthopédique, confirme, toujours dans Le Figaro Santé, que « le nombre de médecins présents est généralement plus faible le week-end, ce qui peut avoir un impact sur les suites opératoires ».

Face à cette situation, plusieurs solutions sont envisageables :

  1. Programmer les opérations non urgentes en début de semaine afin d'assurer un suivi optimal pendant les jours ouvrés.
  2. Renforcer les effectifs du week-end en recrutant davantage de soignants et en assurant une meilleure rotation des équipes.
  3. Utiliser l'intelligence artificielle pour améliorer la surveillance des patients postopératoires. Aux Pays-Bas, une application guide déjà les équipes chirurgicales en fonction des risques postopératoires et réduit la mortalité de 5 % à 3 %.

Aucun commentaire à «Hôpital : voici le meilleur jour pour programmer une opération»

Laisser un commentaire

* Champs requis