Bayrou nouveau Premier ministre : le renouveau selon Macron

Fin du suspense : le Président Emmanuel Macron a finalement trouvé le successeur de Michel Barnier au poste de Premier ministre.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 13 décembre 2024 à 14h25
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Bayrou nouveau Premier ministre : le renouveau selon Macron - © Economie Matin

Le président Emmanuel Macron a fini par trouver le successeur de Michel Barnier au poste de Premier ministre, ce vendredi 13 décembre 2024, après de longues discussions avec l'intéressé, François Bayrou.

Bayrou, un « vieux » vétéran de la politique

Pas de renouveau dans la nomination du nouveau Premier ministre tel que promis par Emmanuel Macron. François Bayrou est ce que l'on pourrait appeler un vieux de la vieille. Né en 1951, il a été député français pendant 10 ans, mais aussi européen un peu plus de 2 ans, président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques pendant 8 ans, ministre de l'Éducation nationale sous François Mitterrand. Il s'est par ailleurs présenté à deux reprises aux élections présidentielles, une première fois en 2002 sous l'UFD, une seconde en 2007 où il est arrivé 3ᵉ derrière Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Il décide alors de créer le parti du Modem, dont il est président depuis 2007. Après une traversée du désert, il fait partie des premiers soutiens d'Emmanuel Macron, qui l'en remercie en le nommant ministre de la Justice après son élection en 2017, puis Haut-Commissaire au Plan en 2020.

Lors de sa carrière, François Bayrou a maintes fois appelé à des alliances au centre, se positionnant comme une figure capable de ramener une certaine forme de consensus à l'Assemblée nationale. Car là est tout l'enjeu pour le Président : éviter à tout prix une nouvelle motion de censure, au moins jusqu'à ce que ce dernier puisse dissoudre l'Assemblée nationale en juillet 2025 et, dans le meilleur des cas, jusqu'à la prochaine élection présidentielle de 2027. La tâche s'annonce particulièrement ardue pour le nouveau Premier ministre qui, bien qu'il ait probablement eu des négociations derrière le manteau, ne dispose pas de majorité claire.

La LFI annonce une motion de censure, la droite tempère

Même si François Bayrou faisait partie des grands favoris aux côtés de Bernard Cazeneuve ou de Sébastien Lecornu, sa nomination n’a pas manqué de provoquer des remous dans le paysage politique. Du côté du parti présidentiel, Gabriel Attal, ex-Premier ministre, a salué cette décision sur X (anciennement Twitter) : « Dans le moment si difficile que traverse notre pays, je sais qu’il a les qualités pour défendre l’intérêt général et construire l’indispensable stabilité que les Français attendent. »

Du côté de l’opposition, les critiques fusent. Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise (LFI), avertit, voyant dans la nomination de François Bayrou « une candidature de plus au sursis d’Emmanuel Macron », ajoutant : « le soutien au sauvetage de Macron ou la censure », avant d’annoncer : « Nous avons fait le nôtre. » Le ton est encore moins cordial de la part de Manuel Bompard, qui estime que cette nomination est un « bras d’honneur à la démocratie ». Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, a exprimé un avis tout aussi tranché : « Va-t-il s’obstiner à vouloir imposer une politique qui a échoué et a été sanctionnée ? ». Ni une ni deux, la France Insoumise a annoncé son intention de déposer une motion de censure contre François Bayrou, qui n'a pas encore eu le temps d'installer ses cartons à Matignon.

La droite quant à elle, tempère, le nouveau Premier ministre n'étant pas issu de la gauche de la gauche de l'échiquier politique. « Il n’y aura pas de censure a priori. […] Nous avions indiqué que nous étions prêts à ne pas censurer a priori une personnalité ou un profil issu de la droite et du centre », a ainsi déclaré Jordan Bardella, président du Rassemblement National, de quoi rassurer l'intéressé. Même son de cloche de la part de son allié, Éric Ciotti : « Je lui souhaite bonne chance pour la France. Nous nous connaissons depuis longtemps et j’ai du respect pour lui. Il ne fera pas l’objet d’une censure a priori (...), » tout en instant sur le fait qu’« il devra être un Premier ministre de consensus, de respect et d’écoute de l’ensemble des forces politiques, en particulier l’union des droites arrivée en tête en juillet dernier. »

Des défis politiques et institutionnels majeurs

François Bayrou prend les rênes de Matignon dans un contexte particulièrement complexe, aussi bien sur le plan politique qu'économique. Il devra notamment s’atteler à former son gouvernement tout en s'assurant que ses membres n'attireront pas la censure.

Dans la foulée, et c'est le sujet brûlant, il devra réussir à faire adopter une nouvelle proposition de budget pour l'année 2025, dans une Assemblée nationale où aucun bloc ne dispose d’une majorité absolue.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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