La zone euro doit devenir « optimale » pour survivre  !

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Par Captain Economics Modifié le 15 juin 2012 à 9h16

En 1961, l’économiste Robert Mundell évoquait pour la première fois la théorie de "zone monétaire optimale". Cette théorie s’intéresse aux caractéristiques nécessaires pour qu’une zone monétaire puisse perdurer dans le temps.

Sans politique monétaire propre, comme c’est le cas par définition pour les pays d’une même zone monétaire, il faut qu’il existe des mécanismes d’ajustement pour absorber les chocs asymétriques affectant uniquement certains pays d’une zone.

C’est exactement la situation au sein de la zone euro actuellement. La Grèce a subi un choc asymétrique et aurait besoin d’une dévaluation de sa monnaie pour relancer son économie. Mais faisant partie de la zone euro, ce mécanisme d’ajustement est impossible ; la Grèce est donc obligé de mener une politique de déflation interne via la baisse des salaires réels pour compenser ce choc. Et l’on connaît les effets dévastateurs de ce type de politique… Mais comment alors serait-il possible d’absorber ces chocs asymétriques au sein de la zone monétaire ? Il existe deux principales solutions à ce problème:

1 – Une parfaite mobilité des facteurs de production. En cas de choc asymétrique à l’intérieur de la zone, il faudrait en théorie un mouvement de capitaux et de main d’œuvre entre les pays de la zone, afin de rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande. C’est à dire, dans le cas de la zone euro, il faudrait par exemple que les chômeurs grecs partent dans un autre pays de la zone afin de trouver un travail.

En ce sens, la zone euro n’est pas une zone monétaire optimale ! Si l’on compare la situation aux Etats-Unis et en Europe en cas de choc asymétrique, c’est à dire touchant différemment certains Etats américains ou certains pays européens, les conclusions sont très différentes. En effet, un choc augmente la dispersion du chômage en Europe, tandis que la dispersion du taux de chômage américain entre Etats reste quasi-stable.

Il existe de nombreuses explications rationnelles à cela : barrière de la langue, régimes de sécurité sociale et de chômage différents entre les pays européens, segmentation du marché du crédit, faible inclination des citoyens européens à la mobilité…

2 – Si l’ajustement via la mobilité des facteurs de production n’est pas possible, alors il est nécessaire qu’il y ait des transferts budgétaires au sein de l’Union pour ajuster les déséquilibres. Sans fédéralisme budgétaire et sans une plus grande mobilité des travailleurs, la zone euro pourrait bien disparaître du fait de sa non-optimalité!

Selon la théorie, le risque de chocs asymétriques est réduit avec le temps au sein d’une union monétaire, grâce une meilleure intégration commerciale et à une convergence des pays. Espérons simplement que la zone euro ait le temps de devenir cette fameuse zone monétaire optimale.

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Doctorant en économie à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et professeur d'économie à l'IESEG Paris, Thomas Renault est le créateur du site Captain Economics, un blog ayant pour but de démystifier l'économie, en abordant cela sans prise de tête ni prise de parti.