Wadjda : le sort des femmes en Arabie Saoudite dénoncé par l’absurde #BESTOF

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Par Jim le Pariser Modifié le 3 juillet 2013 à 7h15

Etre une femme en Arabie Saoudite n’est déjà pas une mince affaire, alors, être une femme réalisatrice… Haifaa Al Mansour est la première Saoudienne à avoir accompli cet exploit dans le royaume où l’homme est roi. Après son documentaire Women Without Shadows - Des femmes sans ombres, cette artiste engagée revient donner voix aux femmes dans Wadjda, tout premier long métrage d’Arabie Saoudite, lequel a remporté le prix de la critique internationale à Venise - pas mal…

C’est à travers un duo mère-fille qu’est décrit ici le sort réservé aux femmes grâce à cette gamine au caractère bien trempé, qui a troqué ses souliers de satin noir contre une paire de converses et fait rager sa mère en faisant vibrer ses murs au son du rock and roll. Du jour où elle voit son petit amoureux la narguer avec son deux-roues, plus rien ne pourra la dissuader d’en avoir elle aussi un bien à elle, dans ce pays où « les filles ne font pas de vélo, sinon elles ne peuvent plus avoir d’enfant ». Elle ira jusqu’à préparer un concours de récitation du Coran pour cela…

Dénoncer par l’absurde

Il y a du Beckett, de l’Ionesco dans ce film. Le rire naît de répliques qui tombent comme un cheveu sur la soupe pour les Occidentaux que nous sommes. Comme dans les Lettres Persanes de Montesquieu, nous sommes tel Uzbek, choqués par des us et coutumes qui nous paraissent sortis de l’époque médiévale. Sauf que la fiction est ici bel et bien réelle. En Arabie Saoudite, la vertu de jeunes pucelles est mise à mal par la pratique de la bicyclette, tandis que la pratique de la religion n’est pas mal non plus : « Ne touchez pas le Coran, vous êtes des femmes. Ou prenez un mouchoir pour tourner les pages », lance la professeur outrée, pour finalement céder aux nécessités pratiques. Dans cette école de la capitale saoudienne, les fumeurs de shit des cours de récréation françaises sont remplacés par des addicts du vernis bleu à destinations des doigts de pieds… Cet acte de rébellion entraîne un blâme public et l’opprobre de tous. Dans ce pays, si les hommes en bleu de travail, perchés sur les échafauds lancent un regard aux bambines, c’est péché que de rester jouer à la marelle. Toutes aux abris en salle de classe. Fini la récré. « Ne riez pas, une fille bien élevée ne rit pas » ou encore « chut, un homme pourrait entendre votre voix ». Quant à la petite actrice de douze ans, Waad Mohammed, elle joue parfaitement son rôle de rebelle dans ce film qui ne vire jamais à un essai militant mais offre un très joli film à découvrir sans hésitation.

Voir la bande-annonce :

Par Elodie Terrassin pour Jim le Pariser

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