Meilleurs vœux à nous Français, en souhaitant que nos responsables auront le courage d’agir dans le bon sens. Nous, on est prêts.

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Par Jean-Paul Betbèze Publié le 30 décembre 2013 à 7h29

« Poussive » notre reprise : c’est l’Insee qui le dit, parce que l’investissement lui-même sera « poussif », toujours pour reprendre ce que dit l’Insee. « Poussif, ceci veut dire qu’il faut pousser », rétorque la Président Hollande ! Pousser pour être moins poussif, d’accord. Le mot est splendide. Mais pousser quoi ?

Réponse unique : il faut pousser l’investissement en France, autrement nous ne reprendrons pas pied dans la concurrence mondiale. Les chiffres de 2013 sont éloquents : notre croissance a connu des alternances nettes, 1er trimestre négatif, 2ème négatif, 3ème positif puis 4ème négatif, chaque fois en lien direct avec l’investissement des entreprises. Le moral des entrepreneurs, plus leurs marges, se retrouvent ainsi partout dans l’activité : c’est la grande leçon de ce qui se passe actuellement. Rien sans les entreprises.

On voit également que l’Allemagne résiste dans cet univers plus compliqué, et que ce n’est pas facile – même pour elle. On voit aussi, d’un autre côté, que l’Italie et surtout l’Espagne ont remonté la pente, mais avec des économies significatives de dépenses publiques et des baisses de salaires importantes. La France est donc coincée, plus nettement que jamais, autrement dit ses marges sont sous pression. Ses marges de manœuvre, car les marges de ses entreprises.

Pour renforcer les marges des entreprises, le CICE a donné un répit, mais pas plus, et rien ne sera significatif si des réductions de charges plus importantes n’ont pas lieu et si la fiscalité ne se stabilise pas, au moins, avant de baisser. Tous les chiffres montrent, en effet, que c’est l’investissement qui fera la reprise, dans un univers où c’est la compétitivité et le commerce extérieur qui, seuls, peuvent organiser le retournement. Et cette compétitivité ne peut venir que de la modération salariale qui soutient la compétitivité coût et qui permet aux marges de remonter. Certes, les crédits bancaires sont toujours disponibles, mais ils ne feront qui suivre la remontée des profits. Il est exclu qu’ils en compensent la baisse et même qu’ils fassent l’avance, en attendant le redémarrage.

Le lien modération salariale, compétitivité, profit, investissement, croissance est donc celui de cette reprise, dans une zone euro qui va mieux mais qui ne peut dévaluer en son sein, par construction, et où les dévaluations salariales surtout, les dévaluations fiscales dans une moindre mesure, ont fait leur effet, au Sud notamment.

On voit bien, dans le cas français, que le temps perdu dans les réformes privées et dans les économies publiques sera compliqué à rattraper. De deux choses l’une en effet : soit nous profitons de cette vague de reprise qui monte, vaguelette pour être plus exact, en faisant les efforts de baisse de la dépense publique et de modération des salaires, sachant qu’ils auront plus d’effet positifs ; soit nous laissons porter, pour ne rien faire.

Ce second choix sera dramatique, car la vague sera limitée. La reprise en zone euro sera modeste. Surtout les marchés financiers sanctionneront les efforts qui n’auront pas été faits en France, alors même que c’était, à la fois, plus facile et plus efficace.

Le risque de ne pas faire assez d’efforts en France est d’autant plus grave que les Français eux-mêmes, nous, y sommes prêts. Pour se sortir d’affaire, il suffit donc de penser que les hommes politiques auront enfin le courage d’admettre que les Français ont bien compris et accepté les efforts à faire pour s’en sortir - ensemble. Bonne année !

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Jean-Paul Betbèze est PDG de Betbèze Conseil, membre de la Commission Economique de la Nation et du Bureau du Conseil national de l'information statistique (France), du Cercle des économistes et Président du Comité scientifique de la Fondation Robert Schumann. Professeur d'Université (Agrégé des Facultés, Professeur à Paris Panthéon-Assas), il a été auparavant chef économiste de banque (Chef économiste du Crédit Lyonnais puis Chef économiste & Directeur des Etudes Economiques, Membre du Comité Exécutif de Crédit Agricole SA) et membre pendant six ans du Conseil d'Analyse économique auprès du Premier ministre. Il est l'auteur des ouvrages suivants:· "Si ça nous arrivait demain..." aux éditions Plon, Collection Tribune Libre· "2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France" aux Editions PUF, 2012.. "Quelles réformes pour sauver l'Etat ?" avec Benoît Coeuré aux Editions PUF, 2011.. "Les 100 mots de l'Europe" avec Jean-Dominique Giuliani aux Editions PUF, 2O11. "Les 100 mots de la Chine" avec André Chieng aux Editions PUF, 2010. Son site : www.betbezeconseil.com

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