Plus besoin de se déplacer pour aller acheter une pastille pour la gorge, un comprimé contre le mal de tête ou une pilule pour atténuer les maux de ventre… A partir du 1er mars, plusieurs milliers de médicaments disponibles dans les 23 000 pharmacies de France sans avoir besoin de l’ordonnance d’un médecin (et donc non remboursés) seront aussi achetables en un clic, sur internet, et livrables à domicile. L’e-commerce va servir aussi à se soigner ! Le juge des référés du Conseil d’État a en effet ordonné la suspension d'un article du Code de la santé publique relatif à la vente de médicaments sur Internet. Résultat, la liste des médicaments en vente sur internet va passer de 455 à près de 4 000. Le « cyber-pharmacien » de Caen qui avait saisi la haute juridiction a remporté la bataille.
En fait, une directive européenne autorise la vente de médicaments sur internet depuis mai 2011. La France devait donc se mettre en conformité. Depuis le mois de décembre, sans que cela se sache vraiment, on pouvait acheter en ligne 455 médicaments, ceux qui en pharmacie sont directement accessibles par le patient près du comptoir. Un texte a en effet autorisé les pharmaciens adossés à une pharmacie physique à ouvrir des sites internet pour écouler leurs produits. Certains se sont engouffrés dans la brèche, et quelques sites comme Pharma-gdd.com ou LaSante.net ont ouvert, non sans avoir reçu l'aval de l'Autorité régionale de santé dont ils dépendent et s’être déclarés à l'Ordre des pharmaciens.
Mais à partir du 1er mars, on pourra acheter en ligne près de 4 000 médicaments, y compris donc ceux qui nécessitaient jusque-là l’aval ou le conseil du pharmacien et que cer dernier devait aller chercher dans son arrière-boutique.
Le ministère de la Santé a précisé qu'il fixerait prochainement sous la forme d'un arrêté les "bonnes pratiques" en la matière, sachant que l’Organisation Mondiale de la Santé estime que plus de 50% des médicaments proposés à la vente en ligne sont des contrefaçons.
Certains professionnels soulignent déjà les risques sanitaires que présente cette banalisation de la vente de médicaments. « Le médicament n'est pas un bien de consommation ordinaire », rappelle l'Ordre, soulignant que la « sécurité du patient doit rester la priorité de tous » et que « rien ne peut remplacer le conseil relatif au médicament dans une officine, en face à face par le pharmacien ».
A ce jour, plus d’une quinzaine de pays européens ont légalisé la vente de médicaments sur internet. L’Allemagne, le Royaume-Uni, le Portugal, les Pays-Bas, la Suède, etc l'autorisent même pour tous les médicaments, y compris donc ceux délivrés sur ordonnance.