Pourquoi les entreprises françaises ont-elles tout intérêt à proposer un vélo de fonction à leurs collaborateurs ?
4% : c'est la part des déplacements quotidiens effectués à vélo en France en 2019, une goutte d'eau. 27%, c'est l'augmentation constatée en 2020 : la pompe est amorcée.
Le vélo est en passe de devenir un moyen de transport du quotidien à l'instar du métro ou de la voiture. Certains peuvent déjà constater l'évolution évidente de la pratique du vélotaf (le fait de se rendre à vélo au travail) à Paris, Lyon, Lille, Nantes et d'autres agglomérations en France métropolitaine. D'ailleurs à Strasbourg et Grenoble, ce sont déjà 17% des trajets.
Le vélo électrique est un fabuleux outil pour assurer une transition en douceur des usagers depuis des modes de déplacements motorisés ou des transports en commun vers un mode actif et doux pour des trajets d'une dizaine de kilomètres, soit plus 50% des déplacements en France. Il permet de profiter de la liberté totale procurée par l'usage du vélo - adieu les bouchons, les wagons bondés et bonjour la virée en solitaire ou entre collègues - sans arriver en sueur au travail.
Seul hic ? Un vélo électrique de bonne manufacture coûte 2 000€ TTC auxquels il faut ajouter un bon antivol (à partir de 65€ TTC), l'entretien et l'assurance. Le vélo électrique est en réalité réservé à ceux qui peuvent se le permettre… Quel dommage.
C'est pour aider les salariés à faire face à ce hic que des centaines d'entreprises ont saisi l'opportunité : elles ont eu l'idée de proposer des vélos de fonction comme elles ont pu le faire sur la voiture, grâce à des services innovants proposés par des start-ups, comme Zenride.
Le service proposé par cette start-up coûte entre 35€ TTC et 45€ TTC par mois en fonction du vélo choisi par le collaborateur en question et inclus tous les petits services utiles au futur cycliste : assurance, maintenance et assistance.
Pourquoi le font-elles ?
Les entreprises montrent qu'elles sont à l'écoute de leurs salariés et qu'elles comprennent leurs envies. Elles démontrent aussi qu'elles sont attentives à la modification de leurs comportements.
En mettant la main à la poche, les entreprises tendent aussi la main vers leurs salariés et les aident à résoudre un réel problème du quotidien : rendre leurs trajets domicile-travail un peu plus agréables.
Mais cela va bien plus loin. L'entreprise donne en réalité accès à ses salariés à un nouveau mode de vie. Car adopter le vélo, ce n'est pas seulement s'affranchir de toutes les contraintes imposées par la circulation ou les aléas des incidents de trafics, c'est aussi la découverte d'une liberté totale, un bol d'air frais deux fois par jour, d'aller et venir. De faire un détour par la forêt, le parc, ou la plage parce que l'on a désormais le temps. C'est faire rigoler le petit dernier sur son siège bébé ou partager des moments uniques avec l'ado. Le vélo c'est aussi découvrir ce nouveau café, que nous n'aurions jamais remarqué terré dans le tram ou le bus. C'est croiser cet ancien collègue et partager la route avec lui…
Avec quelque chose d'aussi simple qu'un vélo, l'employeur peut changer la vie de ses collaborateurs, et tout cela pour un coût équivalent au versement des transports en commun.
Impacter positivement le quotidien du salarié, en dehors des heures de travail, c'est le choix que font les entreprises qui décident de proposer un tel service. Elles se dotent également d'un outil de différenciation lorsqu'elles font la compétition pour attirer les meilleurs candidats.
Il y a une autre pièce du puzzle pour que le vélo puisse être considéré par une part significative des français : c'est la fameuse piste cyclable. L'Etat, les collectivités territoriales ont leur rôle à jouer afin de rassurer tous les automobilistes et usagers des transports qui hésitent à sauter le pas à cause de la peur.
Toutefois, nous sommes sur la bonne voie. En dix ans, le budget d'investissement des collectivités territoriales sur les politiques cyclables a augmenté de 40 %, passant de 328 à 468 millions d'euros. L'État soutient les politiques cyclables des collectivités territoriales à travers différents dispositifs. Le Plan vélo dévoilé le 14 septembre 2018 est assorti d'un Fonds mobilités actives de 350 millions d'euros sur sept ans. Dans le cadre de France Relance ce Fonds est abondé de 200 millions d'euros pour 2020 - 2021. S'ajoutant à cela les financements issus des programmes régionaux (CPER-CPIER) ou des dotations et fonds de soutien à l'investissement des territoires.
Pourquoi tant d'investissements ? C'est un calcul économique qui prend en compte le coût de développer des transports en commun supplémentaires ou d'accroître ceux existants versus le coût de réalisation d'une piste cyclable. Sont également pris en compte les bénéfices santé apportés par l'adoption de mobilités actives par une part significative des français : rouler à vélo au quotidien c'est réduire le risque d'une mort précoce de 28%.
Chaque salarié en France mérite d'avoir le choix de pouvoir se déplacer autrement pour se sentir mieux. Il doit pouvoir en avoir les moyens financiers et se sentir en sécurité.
Les entreprises et l'Etat, ainsi que les collectivités territoriales l'ont bien compris, et ce n'est qu'une question de temps avant que la France ne vienne challenger les 49% de trajets quotidiens effectués à vélo au Danemark ou les 30% en Allemagne.