Décidément le gouvernement français a décidé de se mettre la Commission Européenne à dos même si elle lui a accordé un délai supplémentaire pour réduire son déficit et le faire passer sous la barre des 3%, seuil maximum autorisé par le Pacte de Stabilité. En déplacement à Bruxelles, pour la première fois de son mandat, Manuel Valls a tenu un discours ferme : la France ne fera pas d'efforts supplémentaires ! Et tant pis pour Bruxelles !
50 milliards d'économies c'est plus que suffisant !
Le message de Manuel Valls, à défaut d'être conciliant, a le mérite d'être clair : "Nous ne prendrons aucune mesure d'économie au-delà des 50 milliards qui nuirait à la croissance, au moment où elle est en train de repartir" a-t-il déclaré en présence de Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.
Pourquoi ? Car les 50 milliards d'économies prévus à l'horizon de 2017, nouveau délai pour faire baisser le déficit sous les 3%, sont suffisants. Toute autre mesure serait donc nuisible. Un avis qui n'est pas partagé par la Commission européenne : "il existe des économies non pernicieuses pour la croissance" estime Jean-Claude Juncker qui détruit, de fait, l'argumentaire du gouvernement. Mais qu'importe, pour 2015 pas question pour la France de se plier à la volonté de Bruxelles.
La Commission ne lâche pas l'affaire et maintient la pression
Si la France ne veut pas se plier à Bruxelles, Bruxelles ne veut pas que la France lui tienne tête. "En matière de stratégie économique (..), budgétaire, nous n'avons pas une intégralité de vue mais une intersection vertueuse de vue avec le gouvernement français" a déclaré le président de la Commission. Comprenez : on n'est pas tout à fait d'accord sur tous les points ; et puis de toute manière c'est l'Union Européenne qui aura le dernier mot, comme toujours.
Si Bruxelles maintient la pression c'est pour la bonne cause : les prévisions de croissance pour la France divergent... et pas de peu. En 2016 Paris prévoit que la France aura une croissance de 1,7% alors que Bruxelles n'estime la croissance qu'à 0,7%, en 2017 la divergence est semblable : 1,9% contre 0,8%.
Là, deux scénarios se dessinent : si Paris a raison alors le gouvernement aura eu raison : avec une telle croissance et le plan d'économies le déficit tombera bien en dessous de 3% en 2017. Mais le gouvernement a, ces dernières années, été assez mauvais pour prédire la croissance du pays, étant trop souvent trop optimiste.
Paris pourrait donc avoir tort et la Commission Européenne l'attend au tournant. La sanction pourrait tomber en 2017, année qui plus est des prochaines élections présidentielles. Et la France risque une amende de 4 milliards d'euros si elle ne tient pas ses engagements budgétaires.