Accoutumée à une déflation chronique depuis l'éclatement d'une gigantesque bulle spéculative immobilière et boursière en 1991, le Japon marque un tournant historique dans sa politique monétaire.
Haruhiko Kuroda, à la tête de la Banque du Japon (BoJ) depuis le 20 mars, n'a pas attendu longtemps pour appliquer sa stratégie de relance du pays. Son remède, prescrit avec le total soutien du Premier ministre Shinzo Abe, consiste à doubler la quantité de monnaie en circulation dans le pays, afin d'atteindre « le plus rapidement possible » un taux d'inflation de 2 %.
La planche à billets va fonctionner à plein régime lors des deux prochaines années, pour mener la base monétaire du pays à 270.000 milliards fin 2014, alors qu'elle était de 138.000 milliards de yens fin 2012.
Un « choc psychologique ». C'est l'objectif du nouveau patron de la BoJ et du Premier ministre, qui ont voulu envoyer un message fort et durable aux marchés et aux entreprises. Ils sont convaincus que cette annonce entrainera « un cercle vertueux » chez les acteurs économiques. Autrement dit, que ces derniers intègreront dans leurs prévisions, une hausse graduelle des prix, ce qui provoquera par effet de ricochet une hausse des revenus des entreprises.
Si pour combattre la déflation et de la stagnation qui paralysent l'Archipel depuis plus de quinze ans, cette stratégie bulldozer ne fait pas l'unanimité chez les économistes, les marchés, eux, ont redressé l'indice Nikkei de 2,2 %.