Encore un vaccin contre la COVID-19 annoncé comme étant imminent ; de quoi renforcer la confiance dans une amélioration économique à l’horizon de quelques trimestres. Une raison de plus pour s’assurer que la période intermédiaire ne sera pas trop difficile. Les banques centrales sont sur celle ligne analytique.
Dans le dossier des futures relations commerciales entre le RU et l’UE, le premier commence-t-il à céder ?
Le marché a salué hier l’annonce par la BioTech Moderna qu’elle aussi était prête à l’horizon de quelques semaines à mettre sur le marché un vaccin contre la COVID-19. Qui plus est, les caractéristiques, pour ce qu’on en sait, apparaissent supérieures à celles du produit présenté dans ses grandes lignes la semaine dernière par Pfizer et BioNTech. Les contraintes de conservation sont moins fortes et l’efficacité, une fois encore très élevée, un peu supérieure (94,5% contre 90%). Pour ceux qui ont du mal avec le concept, le petit tableau ci-dessous présente le mode de calcul.
Cette répétition des avancées en matière sanitaire éclaircit et rend plus favorables les perspectives économiques à quelques trimestres. Les marchés le disent et le Vice-président du Board de la Fed, Richard Clarida, est sur la même ligne analytique. Ce n’est pas pour autant, et le point est d’importance, que le soutien par la politique économique doit se faire moins fort. Il est de plus en plus certain que des deux côtés de l’Atlantique les banques centrales vont annoncer de nouvelles mesures. Aux Etats-Unis, probablement des achats de titres d’Etat à maturité plus étendue, dans le cadre d’une enveloppe inchangée (80 milliards d’USD par mois), dans le but de parer le risque de trop de pressions haussières sur la partie longue de la courbe. En Europe, renforcer le PEPP (pandemic emergency purchase programme) et accroître la liquidité longue fournie aux banques commerciales (targeted longer-term refinancing operations).
De fait, les mois en cours vont rester compliqués en termes de croissance. L’enchainement mécanique est maintenant bien établi : mesures de confinement, restriction de la mobilité et inflexion baissière de la croissance. D’ailleurs, la Bundesbank vient de dire qu’il fallait se préparer à une stagnation, voire à un repli, du PIB allemand pour le quatrième trimestre. L’anticipation semble raisonnable. En la matière, ce sont les prévisionnistes américains qui seraient un peu en retard. Le consensus continue de parier sur une progression de 1% (en rythme instantané et d’une période à l’autre). Avec la montée de de la maladie et des décisions encore à venir en termes de contrainte à la mobilité, il faut s’attendre à ce que le chiffre soit revu à la baisse.
Refaisons un point sur les négociations commerciales entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne, qui sont pour la nième fois dans leur dernière semaine ! Dans le domaine si important pour l’économie britannique que sont les services financiers, Londres vient de faire une concession qu’on a envie de qualifier de majeure. Depuis quelques temps déjà, le RU sait qu’il a perdu le « passeport » européen, qui permet de vendre des produits financiers sur tout le Continent sans devoir avoir des implantations sur place. Il espère bénéficier du système des équivalences réglementaires. Celui-là autorise la distribution des produits, mais celles-ci peuvent être retirées à tout moment et de façon unilatérale. Le moins qu’on puisse dire est que Bruxelles ne se hâte pas à donner satisfaction aux Britanniques ; si ce n’est pour les chambres de compensation. Sans doute de « guerre lasse », Londres a annoncé qu’il allait accorder unilatéralement plusieurs dizaines d’équivalences réglementaires à l’UE dans le domaine financier.
Il faut lire deux choses importantes dans ce geste. D’abord, le RU cède ; ce qui donne du sens aux propos tenus juste avant le référendum de 2016 sur le Brexit par celui qui est devenu le négociateur en chef côté britannique. David Frost ne disait-il pas que ce serait à la partie britannique de faire des concessions pour obtenir un accord ? Ensuite, la perspective ne paraît plus vraiment être à une divergence réglementaire entre l’Île et le Continent. Le tout comme un difficile apprentissage que les « faits sont têtus » !