Ecodigest du jeudi 30 août 2012 (3) - Opération séduction envers les patrons, pour le gouvernement. Après Jean-Marc Ayrault qui a ouvert hier l'université d'été du Medef (voir des extraits du discours ici), c'est au tour de son ministre de l'Economie et des Finances de se rendre à Jouy-en-Josas, sur le campus d'HEC près de Versailles, pour faire du gringue aux patrons. Afin de préparer le terrain, Pierre Moscovici a répondu aux questions de nos confrères des Echos. Pêle-mêle, il soutient que "la question du coût du travail n'est pas taboue" mais demande "qu'on nous laisse du temps", promet que les biens professionnels ne seront pas inclus dans le calcul de l'ISF comme cela a été un temps envisagé à gauche, ou encore que la taxation à 75% des revenus supérieurs à 1 million d'euros sera "intelligente". Plus frontalement, le ministre de l'Economie et des Finances déclare qu'il "ne veut pas d'une fiscalité défavorable aux entreprises", car "celles-ci doivent contribuer à l'effort de redressement, il n'est pas raisonnable qu'elles en portent tout le poids". Il promet aussi de veiller à la stabilité juridique de la fiscalité.
Sur la situation macro-économique et l'Europe, enfin, Pierre Moscovici n'y va pas par quatre chemins, et maintient la pression sur le partenaire allemand : "Nous ne renoncerons pas à l'idée, à terme, de la mutualisation des dettes publiques".
-Angela Merkel va sans doute pousser un "Ach, nein" de plus en lisant l'interview de Pierre Moscovici, alors qu'elle a déja dit hier à Mario Monti, le président du conseil italien, qu'il arriverait sûrement très bien à se débrouiller sans l'aide de l'Allemagne. Monti, en visite officielle à Berlin, a été couvert non pas d'or mais d'éloges par la chancelière allemande, qui a loué les réformes réalisées par le gouvernement de techniciens italien. Pourtant, Monti avait juste avant son arrivée lancé un ballon d'essai, se plaignant du déséquilibre entre les taux auxquels le Trésor italien lève des fonds sur les marchés, par rapport aux taux dont bénéficie le Trésor allemand.
-Dans la foulée, un autre italien, Mario Draghi alias super Mario, le président de la Banque Centrale Européenne, s'attaque aussi à l'Allemagne. Dans une interview au quotidien allemand "Die Zeit" ("Mario Monti répond aux critiques allemandes") il demande à l'Allemagne de "rester une ancre pour l'Europe", et d'ajouter que la situation économique actuelle en Europe et dans le monde "nécessite parfois des mesures exceptionnelles". Il rajoute cependant que la BCE qu'il dirige "agira toujours dans les limites de son mandat".