Union Européenne : le livre noir d’Emmanuel Macron

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Par Eric Verhaeghe Modifié le 4 mars 2019 à 8h20
Europe Guerre Commerciale Etats Unis
@shutter - © Economie Matin

Dès dimanche soir, Emmanuel Macron devrait s’auto-proclamer meilleur représentant de l’Europe et de l’approfondissement de l’Union Européenne. En choeur, les médias parisiens devraient applaudir des deux mains à cette parfaite imposture. Nous examinons ici les dégâts européens et les défaites communautaires enregistrés par Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir. Ils montrent que la stratégie européenne de Macron est erronée et qu’elle conduit à l’abaissement de la France en Europe.

Dès ses premières semaines à l’Élysée, Macron a entamé une campagne pour l’approfondissement de l’Union Européenne. C’était le grand début d’une sorte d’incarnation auto-persuasive, selon laquelle ce meilleur représentant de l’énarchie était aussi le meilleur représentant du destin européen. De mois en mois, seuls les médias français perpétuent ce mythe, tant Emmanuel Macron a perdu sa crédibilité sur le continent et a nui à celle de la France à l’égal des piètres performances de François Hollande.

Le discrédit budgétaire français dans l’Union Européenne

Comme l’a indiqué la Commission Européenne encore cette semaine, la France est budgétairement « vulnérable ». Dans la pratique, l’incapacité de la France à se désendetter la discrédite au niveau européen. Ce handicap a tué dans l’oeuf l’objectif d’un budget stabilisateur de la zone euro imaginé par Emmanuel Macron dans son discours de la Sorbonne. Ce sujet semble définitivement enterré.

Pire : la crise des Gilets Jaunes oblige désormais Emmanuel Macron à augmenter un déficit public déjà très supérieur à la cible tracée initialement. Les partenaires français n’ont pas de mots assez durs contre cet échec, qui explique en partie la défiance hollandaise dans l’affaire Air France – KLM.

La taxophilie française échouée sur le mur des GAFA

Dans le même ordre d’idée, la France n’a pas fait mieux sur le dossier des GAFA, que Bruno Le Maire veut taxer depuis son arrivée à Bercy. Dans la pratique, cette obsession de régler des problèmes par des taxes, qui donne une image désuète de notre pays et rappelle combien l’énarchie est obsolescente, a isolé la France et l’a mise en marge du mouvement européen. Alors que la Commission se bat pour harmoniser la méthode de calcul de l’impôt sur les sociétés (et ainsi contrer les GAFA), la France a fait cavalier solitaire et n’a suscité que de l’indifférence.

Bruno Le Maire a beau présenter son action comme une grande victoire sur le sujet, on sait désormais que la directive tant attendue ne prendra jamais forme.

Le travail détaché si mal réformé

Pour ce qui concerne un autre dossier sensible, le travail détaché, la diplomatie macronienne a à peine fait mieux. Une directive minimaliste a été adoptée en juin 2018, qui réduit la durée possible du détachement. Mais elle exclut le million de chauffeurs routiers d’Europe de l’Est qui parcourent l’Europe chaque jour et concurrencent nos transporteurs nationaux sur leur propre terrain.

À ce jour, aucun compromis n’a été trouvé sur ce dernier dossier, pourtant essentiel.

Détérioration des relations avec l’Italie

Dans son approche manichéenne des réalités européennes (avec les bons macroniens d’un côté, et les barbares qui ne pensent pas comme lui de l’autre), Emmanuel Macron a fait beaucoup de dégâts. Ses propos sur la « lèpre nationaliste » en Europe ont beaucoup fâché l’Italien Salvini. Depuis cette attaque en règle, les rapports entre la France et l’Italie n’ont jamais été aussi mauvais. Le conflit a conduit à un rappel de l’ambassadeur de France à Rome. Cette situation inhabituelle entre pays fondateurs de la Communauté européenne interroge sérieusement sur la capacité d’Emmanuel Macron à incarner l’Europe.

Détérioration des relations avec les Pays-Bas

Plus récemment encore, l’affaire Air France – KLM a montré comment l’un de nos partenaires directs les plus anciens, les Pays-Bas, pouvaient se défier de la France et ne pas hésiter à lui témoigner un comportement hostile. Cette nouvelle dégradation des relations bilatérales illustre bien les dégâts que l’arrogance macronienne peut causer avec les autres États-membres de l’Union.

Tout se passe comme si l’auto-proclamation de sauveur de l’Europe par Emmanuel Macron le rendait aveugle sur la perception de son comportement par ses partenaires et le déliait de toute obligation de travailler dans de bonnes conditions avec eux.

L’Europe fantasmée d’Emmanuel Macron

On sent bien, dans toute cette affaire, que l’obsession européenne de Macron se heurte à une difficulté de base, qui ressemble à la même difficulté que Macron rencontre sur la scène intérieure. Macron ne connaît pas l’Europe, il la fantasme. Et sa politique ne compose pas avec la réalité, mais ses illusions.

L’Europe des cafés, des intellectuels, n’est pas l’Union Européenne. En grand rêveur, Macron fait une politique pour l’Europe du XVIIIè siècle, pas pour l’Europe d’aujourd’hui. Ce tropisme aristocratique, complètement décalé, se révèle toxique pour le pays tout entier. Il ringardise la France sur la scène européenne, et il nourrit l’image, déjà très présente, d’un pays de grands diseux, mais de petits faiseux.

Article écrit par Eric Verhaeghe sur son blog

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "