Une victoire pour Veolia, une nouvelle ère pour Suez

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Par Sarah Merlino Modifié le 8 février 2022 à 16h02
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@shutter - © Economie Matin

Un an et neuf mois après l’officialisation de la volonté de rachat de Suez par Veolia, au terme d’un bras de fer aussi éprouvant pour les directions que pour les salariés, depuis le 18 janvier, le groupe d’Antoine Frérot est propriétaire de son rival historique en détenant 86,22 % de son capital. Pour satisfaire aux règles européennes, le « nouveau Suez » restera à l’oeuvre sur un périmètre recentré notamment sur la France et qui représentera environ 40% de son activité antérieure, le capital de Suez se répartissant entre Meridiam (40%), l’américain GIP (40%) et la Caisse des Dépôts (20%). De son côté, Veolia devrait voir son chiffre d’affaires progresser de 10 milliards en mettant la main sur les activités internationales, notamment aux États-Unis et en Chine.

La lutte entre les deux groupes français aura été sans merci, de part et d’autre. On estime que le financement de l’opération aura couté près de 200 millions d’euros à Veolia, notamment client des avocats de Cleary Gottlieb et de l’agence de communication Havas. Suez aurait pour sa part eu à s’acquitter d’une facture globale de 150 millions d’euros, auxquels il faut ajouter 25 millions d’indemnités de rupture versées à Ardian. L’affrontement aura également été l’occasion de divers « coups tordus », comme le détaillait récemment nos confrères du Monde, révélateurs du climat très dur qui régna tout au long de l’affaire entre les directions des deux groupes. Même le ministère de l’Économie, finalement partisan de l’américain GIP au détriment de l’Allemand Remondis, échoua à faire retomber la tension entre les deux fleurons de l’industrie française. Des coûts financiers qui ne masquent pas complètement les dégâts sociaux de cette longue lutte. Arcboutés sur les positions de leur direction, la majorité des syndicats de Suez auront vécu comme une trahison le dénouement du drame. Et certains n’ont pas encore complètement désarmé.

Car, au moins en théorie, reste une dernière écharde avant la finalisation définitive et complète de l’OPA de Veolia sur Suez. Depuis le 18 juin, le Parquet national financier enquête sur le rachat suite à une plainte de l’Union syndicale (CGT, CFDT, CFTC). Les plaignants affirment que l’OPA aurait été appuyée en sous-main par l’Élysée par l’intermédiaire de son secrétaire général Alexis Kohler. Un des artisans de la plainte va jusqu’à évoquer « une affaire exemplaire de la modernisation de la corruption en France. » Le secrétaire général aurait notamment fait pression auprès de syndicalistes pour qu’ils soutiennent le rachat en s’abstenant. Si les griefs et les suspicions contenus dans la plainte ont déjà été largement rapportés par la presse, tout au long de l’affaire, désormais, un éventuel coup de théâtre de dernière minute ne pourrait venir que des enquêteurs du PNF.

Comme le confirme une source syndicale : « Les principaux points de la plainte ont été largement évoqués dans des articles. Nous ne sommes que de simples syndicalistes, nous ne sommes pas des inspecteurs, ça nous est compliqué d’avoir des éléments factuels, des documents qu’on ne peut pas avoir, mais qu’on soupçonne d’exister. Notre but était d’empêcher l’OPA, on a échoué. Mais on a préservé 40% du groupe Suez, dont la quasi-globalité des entités françaises. On souhaite que cette période nébuleuse soit la plus courte possible pour l’intérêt des salariés de Suez. Il y a de la lassitude, on a hâte de passer à la phase de la vente au consortium pour que Suez continue son histoire sans Veolia, et que le projet industriel soit enfin mis sur la table. »

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Journaliste Grand reporter 

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