UFC-Que Choisir dénonce un manque de traçabilité du miel

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Par Laure De Charette Publié le 20 octobre 2017 à 14h43
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@shutter - © Economie Matin
3/4Les trois-quarts des miels consommés dans notre pays sont importés.

Alors que la production française de miel a considérablement chuté et ne permet pas de satisfaire la consommation nationale, de plus en plus de miels mélangés, provenant de divers pays, fleurissent dans les rayons. Le problème, c’est qu’on ne sait pas d’où ils viennent !

Des origines opaques

Ce sont l’UFC-Que Choisir et l’Union nationale de l’Apiculture française qui tirent la sonnette d’alarme. D’après elles, les miels importés avancent masqués quant à leur origine.

Victime de l’impact des pesticides, de prédateurs comme le varroa ou le frelon asiatique, du bouleversement climatique et de la réduction des ressources mellifères, la production française de miels qui représentait 32 000 à 33 000 tonnes en 1995 s’est effondrée pour avoisiner les 10 000 tonnes en 2016 et en 2017…

Les miels d’importation représentent aujourd’hui plus de 30 000 tonnes soit les trois-quarts des miels consommés dans notre pays. Ces miels proviennent principalement de Chine, d’Ukraine, d’Argentine, de Hongrie, d’Espagne, d’Italie.

Or, si les textes européens prévoient l’obligation de mentionner sur l’étiquette le pays d’origine de la récolte, cette obligation tombe en cas de pluralité de pays d’origine au profit d’une mention opaque « mélange de miels originaires/non originaires de l’Union européenne ».

Vers une réforme de l’étiquetage du miel

Cette absence de transparence aboutit à ce que 80 % des consommateurs pensent à tort consommer du miel français, alors qu’il s’agit le plus souvent de mélanges provenant de différents pays et à la qualité variable. En effet, certains pays d’origine, à commencer par le premier pays producteur, la Chine, sont souvent épinglés pour des fraudes comme l’ajout de sirop de sucres. En 2014, les tests de l'UFC-Que Choisir avaient ainsi constaté que sur 20 miels « premier prix » achetés dans diverses enseignes de la grande distribution, six présentaient des ajouts de sucre, soit presque un tiers des produits. En 2015, une étude de la Commission européenne dénonçait le fait qu’un miel sur trois n'était pas conforme.

Afin de réduire les fraudes, assurer une meilleure traçabilité et transparence vis-à-vis des consommateurs, une réforme, à l’instar de ce qui a été fait pour l’origine du lait ou des viandes pour les produits transformés, est indispensable.

C’est la raison pour laquelle l’UFC-Que Choisir réclame avec l’Union nationale de l’Apiculture française, au gouvernement français d’avancer vers une réforme de l’étiquetage obligeant en cas de miels mélangés, la mention des différents pays d’origine qui les composent.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.