Après la phase de stress qui s’est d’abord emparée des marchés américains début septembre, puis des marchés européens sous l’effet notamment des craintes sanitaires, la volatilité était une peu retombée depuis quelques jours. Avant le tweet du président américain annonçant sa positivité au coronavirus.
La semaine avait bien commencé avec l’accélération des discussions entre Républicains et Démocrates aux Etats-Unis sur la question du plan de soutien économique et quelques chiffres macroéconomiques bien orientés comme les ventes de logements, un petit rebond de la confiance des consommateurs (mesurée par le Conference Board) ou plus récemment l’ISM manufacturier. Le taux 10 ans américain s’est même bien redressé une partie de la semaine passant de 0.64% à 0.72%, son niveau le plus élevé en trois semaines, traduisant clairement une détente de la perception des marchés. L’indice de volatilité du SP500, le VIX, qui évoluait à plus de 38 début septembre lors du dernier pic de stress est retombé cette semaine à 25…avant de bondir de plus de 10% vendredi suite à l’annonce du président américain.
Même le pétrole a été affecté par cette annonce, le WTI tombant sous les 37 dollars pour toucher son plus bas niveau depuis le 9 septembre. Réaction également défensive des marchés qui s’est traduite par une hausse de l’or, sous l’effet également d’une baisse du dollar. Sans oublier le cuivre, indicateur économique important, qui a touché son plus bas niveau depuis mi-août…
Même si les Futures sur indices américains avaient négativement interprété le débat présidentiel, Joe Biden étant ressorti en tête de plusieurs sondages post débat, les marchés s’étaient ensuite repris pour effacer ce repli. L’annonce du président américain a violemment ravivé la nervosité des marchés. Il est intéressant de constater qu’aujourd’hui, avant l’ouverture des marchés actions américains, les Futures sur le Nasdaq100 (valeurs technologiques) s’affichaient plus en baisse que ceux sur le SP500 ou le DowJones, traduisant une crainte qui s’était déjà exprimée après le débat présidentiel, celle de voir le candidat Démocrates appliquer une fiscalité et une « attitude » sur les questions anticoncurrentielles potentiellement moins favorable que celle du président actuel.
Il est nécessaire de rappeler que malgré une rhétorique souvent agressive et menaçante à l’attention des géants de la « tech US », la politique de Donald Trump leur a été très favorable, notamment le plan fiscal mis en place au début de son mandat et qui a permis à ces groupes, ainsi qu’à d’autres entreprises américaines, d’accroître les volumes de rachats d’actions, tirant un peu plus les cours à la hausse, en plus de leurs performances économiques remarquables. Même s’il est peu probable que la politique de Joe Biden soit très restrictive concernant le secteur technologique américain, il est, à court terme, perçu moins favorablement par les marchés que le président actuel.
Cette annonce est un coup dur pour les marchés qui tentaient de se reprendre depuis quelques jours sur fond de densification des négociations politiques sur la relance économique. La balance penche désormais du côté des risques, avec une situation sanitaire toujours tendue, une Réserve Fédérale qui ne se presse pas d’annoncer de nouvelles mesures pour faire pression sur le Congrès et une économie mondiale toujours fragile.
Autre détail, pas forcément le plus important, mais qui montre que la Fed n’a pas accéléré le rythme : la taille de son bilan a légèrement baissé cette semaine passant de 7093 à 7056 milliards de dollars.
Le rapport sur l’emploi publié en début d’après-midi est mitigé : on note certes la baisse du taux de chômage mais les créations d’emplois non agricoles sont plus de deux fois inférieures à celles du mois précédent et largement inférieures au consensus. Le taux de participation se replie également par rapport au mois précédent et enfin, la progression du salaire horaire moyen est plus faible qu’attendu et inférieure au mois précédent.
A moins d’avancées significatives dans les négociations politiques américaines sur le plan de soutien économique, difficile d’imaginer une baisse de la volatilité sur les marchés dans les jours qui viennent.