Les retraités qui ont élevé une famille nombreuse ont de plus faibles pensions que les autres. Ce sont aussi eux qui ont le moins épargné. C'est pourtant grâce à eux que les autres retraités vivent confortablement. L'imposition annoncée de leurs (faibles) majorations est donc inique.
Une telle mesure témoignerait d'un aveuglement préjudiciable à l'avenir des régimes de retraite qui ont tout intérêt à chouchouter les familles nombreuses.
En répartition, les cotisations versées par les actifs ne sont pas économisées en vue de leur retraite. Elles sont immédiatement reversées aux retraités. Les actifs doivent donc compter sur les cotisations futures de leurs enfants pour espérer avoir, demain, une retraite. Plus une génération élève d'enfants, meilleure sera donc sa retraite.
Familles nombreuses : les grandes perdantes
Les régimes de retraite ont, par conséquent, tout intérêt à « chouchouter » les actifs qui ont des familles nombreuses. Et les pouvoirs publics à les y encourager. C'est pour cela qu'il existe des « majorations » de pension et qu'elles sont exonérées d'impôts.
Or, malgré ces petits « avantages », les familles nombreuses sont les grandes perdantes des régimes de retraite. En témoigne le comparatif suivant 1 :
Totale des retraites reçues par le couple durant sa viede retraité
Épargne du couple durant sa vie active
Cotisations vieillesses payées par les enfants du couple
Retraités ouvriers
2 enfants
656 000 €
128 000 €
516 800 €
Retraités ouvriers
4 enfants
609 900 €
51 000 €
774 852 €
Retraités moyens
2 enfants
988 300 €
594 600 €
808 800 €
Retraités moyens
4 enfants
772 500 €
209 500 €
1 130 900 €
Retraités cadres
2 enfants
1 459 20 €
1 422 200 €
1 597 200 €
Retraités cadres
4 enfants
1 038 000 €
354 200 €
2 115 400 €
1 Chiffres issus de l’étude parue dans « Droit Social » Juillet – août 2009
Pourquoi ces écarts au détriment des familles nombreuses ? Parce que les mères de famille ont eu des carrières morcelées par leur maternité et que les dépenses pour les enfants ont amoindri l'épargne du ménage.
Pourtant, les régimes de retraite sont tout contents de percevoir les cotisations payées par les nombreux enfants issus de ces couples.
Il faut donc les y encourager, d'autant plus qu'aujourd'hui, le rapport cotisants / retraités est en chute libre. Les familles nombreuses se raréfient (les naissances de rang 3 ou plus sont inférieures à 15%). Il serait donc urgent d'envoyer un signe positif aux ménages qui acceptent de rogner sur leur épargne et de sacrifier leurs futures retraites pour financer ... de belles pensions aux autres !
L'Union des Familles en Europe ne peut croire que le Gouvernement va poursuivre dans cette réforme aussi absurde qu'injuste. A moins qu'elle soit dictée par une véritable idéologie anti-familles ?