Après le rebond qui s’était dessiné fin mai sur les indices actions américains et européens, la trajectoire est désormais hésitante depuis quelques jours, en raison notamment de la nouvelle poussée des prix du pétrole et de la réaction haussière des taux américains en conséquence.
Le pétrole WTI a fait une nouvelle incursion au-dessus de 120$ ces derniers jours, son plus haut niveau depuis début mars, à une dizaine de dollars d’écart seulement du pic touché quelques jours après le début de l’invasion de l’Ukraine. Même tensions sur le Brent.
Mais au-delà du pétrole, ce sont aussi les cours du gaz naturel qui se tendent aux Etats-Unis où l’on évolue désormais sur les niveaux de…2009 ! Les cours du gaz naturel Outre-Atlantique sont désormais trois fois plus élevés que les mois précédant la crise Covid.
Cette pression sur l’énergie a fait rebondir les taux américains, le 10 ans se tendant au-delà de 3%. Mais les taux court ont également réagi sur fond de craintes concernant la politique monétaire de la Fed. A l’heure où de légers ralentissements ont commencé à apparaître sur les indices de prix américains le mois dernier (prix à la consommation, prix à la production et même inflation PCE, cette dernière étant particulièrement surveillée par la Fed), faisant naître les espoirs d’un pic inflation en cours de formation, cette nouvelle accélération des cours du pétrole et du gaz naturel aux Etats-Unis pourrait refroidir les espoirs.
La courbe des taux américains s’est de nouveau partiellement aplatie ces derniers jours, signe de craintes ravivées sur l’inflation et donc sur l’intensité de la normalisation monétaire de la Fed. Les taux 5 ans et 10 américains évoluent au même niveau (3.02% au moment où ces lignes sont rédigées) et on constate même une inversion entre les taux 7 ans et 10 ans, le taux 7 ans étant désormais plus élevé que le taux 10 ans.
Cette remontée des taux avec aplatissement partiel de la courbe de taux intervient également au moment où la Réserve Fédérale va commencer à réduire la taille de son bilan, comme elle l’avait clairement annoncé depuis quelques mois. Le bilan de la Fed a déjà cessé sa progression depuis plusieurs semaines en fleurtant avec les 9000 milliards de dollars. La Fed a annoncé que l’ajustement à la baisse serait relativement dynamique donc on n’assistera pas à la même phase de flottement qu’après la fin des « QE » post crise de subprimes. A cette époque, le bilan avait longtemps « flotté » entre 2015 et 2017 avant de s’infléchir en 2018, ce qui avait nourri la phase de correction des marchés fin 2018, dans un contexte également de tensions entre les Etats-Unis de Trump et la Chine.
Après le rebond qui s’est mis en place fin mai, les indices sont désormais plus prudents face à cette nouvelle poussée sur les taux et l’énergie. Que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, un mouvement plus hésitant, de consolidation s’est mis en place depuis plus d’une semaine.
Les anticipations d’inflation moyen-terme en zone euro et aux Etats-Unis se sont également redressées. Alors qu’elle était retombée à 2.10% pour la zone euro fin mai, l’anticipation d’inflation «5Y5Y » est remontée à 2.30% en ce début de semaine. Redressement également pour l’anticipations moyen terme aux Etats-Unis à 2.8% contre 2.5% fin mai.
Sauf détente surprise sur l’énergie, ce contexte de méfiance et de tension sur les taux devrait rester en place au moins jusqu’à la réunion de la BCE jeudi où les marchés attendent des précisions sur l’intensité et le timing des prochaines hausses de taux.