Taux qui montent, taux qui baissent : l’impossible équation (2/2)

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Par Charles Sannat Modifié le 5 juillet 2012 à 15h11

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La situation actuelle :
Nous sommes dans une situation ou les revenus des ménages fondent, leur capacité d’épargne également, l’activité économique est faible puisque nous sommes en récession. Une récession c’est chaque année de la destruction de richesses. Il y a donc moins d’argent disponible pour faire des prêts. Selon notre règle numéro 1 les taux devaient monter hors ils baissent.

La demande de crédit est particulièrement forte puisque les pays sont tous, je dis bien tous, en situation de surendettement. La demande de financement notamment des dettes souveraines est exponentielle. Selon notre règle numéro 2 les taux devraient monter, or, ils baissent.

Enfin, lorsque tout le monde est en surendettement et que les revenus des Etats baissent en raison de la récession et de la chute des rentrées fiscales, le niveau du risque s’accroit en même temps que les risques de défauts ou de non remboursement. Dans ces conditions selon notre règle numéro 3 les taux devraient monter, or, ils baissent.

Vous l’aurez donc compris. Sur les 3 facteurs essentiels qui font le « prix de l’argent » les 3 facteurs théoriques nous indiquent que les taux devraient monter, or, ils baissent ou se maintiennent à des niveaux historiquement bas.
Pourquoi cette anomalie ?

Pour une raison très simple. Nous ne sommes plus dans un monde normal ou les théories économiques standards fonctionnent encore.
Nous sommes dans un monde de triche, de dissimulation et de fraude généralisées.
L’affaire de la Barclays, dont l’ancien patron qui a démissionné était interrogé par une commission d’enquête officielle concernant la fraude sur le Libor qui est justement le marché du taux interbancaire de Londres, est significative à cet égard.
On lui reproche ni plus ni moins que d’avoir manipulé les cours à son profit évidemment, ce qui est une accusation particulièrement grave !

Notre  » mis en cause  » se défend en expliquant quand même preuve écrite à l’appui que la Banque Centrale d’Angleterre était parfaitement au courant…
Ce petit fait divers financier qui se déroule sous nos yeux nous montre en réalité ce qui se passe. Les Banques Centrales partout à travers le monde dans ce que l’on appelle des « actions concertées » empêchent les taux d’intérêts de monter en agissant directement sur notre point numéro 1 à savoir « la quantité d’épargne disponible ».
La BCE par exemple et c’est encore pire pour la FED qui inonde les marchés de liquidités qu’elles crées de toute pièce.
C’est cet afflux de monnaie disponible qui permet de maintenir les taux d’intérêt au plus bas.

Nous sommes dans une crise d’endettement ou l’ensemble des acteurs de l’économie partout à travers le monde sont désormais totalement insolvables. Ni plus, ni moins.
Les entreprises sont surendettées.
Les ménages sont surendettés.
Les état sont surendettés.
Par conséquent le système bancaire est dans une situation inextricable.
Si les banques centrales cessent leur interventions comme les programmes Twist, LTRO ou quantitative easing, l’économie mondiale s’effondre en quelques jours seulement. L’exemple du Japon nous montre que dans ce pays les taux évoluent entre 0 et 0.5 % par an depuis 30 ans maintenant. C’est ce que l’on appelle le « piège des taux bas » dans lequel nous sommes tous tombés.

Ce qu’il faut bien retenir, c’est que si les taux augmentent, c’est l’insolvabilité directe pour l’ensemble du système économique. Si nous maintenons les taux bas, nous favorisons l’inflation et très rapidement l’érosion de la valeur de nos monnaies. A l’arrivée c’est l’insolvabilité par l’inflation et la non progression des salaires.
Il n’y a aucune bonne solution. Dans tous les cas la messe est dite et le système est mort. Simplement le chemin de l’inflation sera la mort la moins douloureuse.
Tout le monde l’a compris, mais personne ne vous le dira, car cette vérité est indicible et c’est compréhensible.
Les taux d’intérêts remonteront, mais dans une nouvelle monnaie qui naitra après cette ultime grande étape de là crise que nous traversons depuis 5 ans… et qui est la crise monétaire qui vient.

La tempête va gronder . Rentrez vite les voiles...

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.