Vive la République cachotière ! (2/2)

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Par Charles Sannat Modifié le 23 juillet 2012 à 12h52

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Espagne en danger

Les taux d’emprunts espagnols se sont envolés à plus de 7,3 % ce qui est un niveau insupportable pour le gouvernement de Madrid. Mais souvenez-vous, l’Europe, lors du dernier sommet de l’ultime chance, avait sauvé l’Europe de la catastrophe annoncée. Je vous disais que non. J’avais raison et toc ! Bon c’est vrai que Rajoy (leur premier sinistre local) a décidé d’un nouveau plan de serrage de vis collectif. Cela devait sauver l’Espagne. Les « marchés redoutent que la récession empire ». Sans blague.

Comment faut-il expliquer, crier, hurler qu’en dehors de toutes considérations idéologiques, un plan de rigueur ne peut pas fonctionner en cas de récession puisqu’il l’aggrave et, qu’à l’arrivée, c’est l’insolvabilité par la déflation. Tout baisse, sauf le montant des dettes qui augmente. Redoutable.

La Grèce, un fabuleux laboratoire de crétineries économiques, nous le démontre depuis cinq ans… En plus, des centaines de milliers d’Espagnols descendent dans les rues, organisent des manifestations quotidiennes. Ces manifs populaires sont bien encadrées avec un service d’ordre efficace puisque les policiers y participent… côté participants. La population espagnole semble à bout mais ce n’est pas grave.

Vendredi la bourse de Madrid a connu un mini vendredi noir avec une baisse de plus de 6 %. C’est sans doute parce que tout va bien. Si vous voulez le placement gagnant, je vous conseille l’achat d’une Sicav de banques espagnoles cotées sur l’IBEX (le CAC40 ibérique). Là vous devriez être à l’abri de l’ISF et d’impôt sur les plus-values. Surtout ne le faites pas, c’est ironique bien sûr. Pour être sur du montant de vos pertes, adressez plutôt un don à « CCP Espagnothon 2012″. En plus les dons sont déductibles des impôts…

Berlin rejette toute renégociation des plans d’austérité grecs.

Guido Westerwelle, le ministre allemand des Affaires étrangères, a rejeté toute possibilité d’une renégociation du programme de rigueur budgétaire grecque, dans un entretien paru samedi dans le quotidien allemand Bild. « Je vois des souhaits émerger en Grèce de renégocier les choses et de remettre en question substantiellement les obligations de réformes du pays. Je peux dire simplement : Là, ça ne va pas. C’est un Rubicon que nous n’allons pas franchir ».

« La Grèce ne doit pas simplement dire qu’elle veut rester dans la zone euro, mais elle doit aussi agir avec une politique de réformes claire et tenir ses engagements ». Mais là aussi rassurez-vous, le couple franco-allemand, dont l’amitié du même nom donne le rythme de la construction européenne, veille sur nous. Pas de problème, la convergence de vue est totale et le dernier sommet de l’ultime dernière chance a bien montré à tous quelles avancées nous étions capables de faire. Les avancées ? Alors, et bien, comment dire ? Ho tiens c’est marrant, on n’ose plus vous en parler au JT de TF1.

Heureusement vous êtes en vacances et c’est la saison des incendies de forêts. On va donc pouvoir vous endormir avec de belles images de soldats du feu montant au front, de vacanciers en short qui « ont tout perdu », de gymnases ouverts pour recueillir les survivants (normalement la croix rouge leur donne une couverture de survie pour accentuer le côté dramatique de la situation), la cellule psychologique est immédiatement mise sur pieds, mais pour votre moral que l’on tient à voir en hausse, on terminera ces reportage sur une note positive du type: « l’essentiel c’est que l’on est en vie »… Votre épargne elle, va mourir. Les allemands ne veulent pas payer pour toute l’Europe. Franchement je les comprends.

L’euro est « irréversible » et la BCE n’a pas de tabou, selon Draghi.

Justement à propos de votre épargne qui va mourir brulée par les incendies de forêt monétaires W. Pour le Gouverneur de la Banque centrale européenne Mario Draghi, « l’euro est irréversible » et la Banque centrale européenne n’a aucun tabou quand il s’agit de le préserver, y compris en revenant sur son opinion concernant les créanciers des banques ». Lorsque l’on commence à vous dire qu’il n’y a pas de risque, en vous parlant dudit risque pour mieux l’écarter et vous rassurer, il faut comprendre exactement l’inverse à savoir que la pérennité de l’euro ne va justement pas de soi. Depuis le temps qu’on vous le dit… Et notre cher Gouverneur de rajouter pour préciser sa pensée fulgurante : « Il n’y aura pas d’explosion de la zone euro, car c’est méconnaître le capital politique que nos dirigeants ont investi dans cette union et le soutien des Européens.

"L’euro est irréversible". Là il faut comprendre que l’on préfère mourir que de se couper un bras… et que les gouvernements n’ont pas encore fait leur deuil de l’euro. A voir.

Je ne suis pas sûr que les allemands ne l’envisagent pas. Les Finlandais eux l’ont déjà carrément dit. Mais on ne vous l’a pas dit. C’est ça qui est bien avec l’information. Pour qu’elle n’existe pas, il suffit de ne pas en parler… Pour vous permettre d’aborder cette nouvelle semaine sereinement, je souhaitais vous livrer une petite recette personnelle. C’est les vacances, on a tous plus de temps pour cuisiner.

Alors surtout, notez bien. – Surtout, n’achetez pas d’or, prenez un contrat d’assurance vie en fonds euros et en diversifiant un peu avec un FCP sur les banques espagnoles pour « jouer le rebond » selon la formule con-sacrée. – Ensuite allez voir votre banquier.

Prenez un crédit du montant le plus élevé possible pour acheter de l’immobilier locatif (de préférence des studios pour jeunes fauchés futurs ex-chômeurs exclus du marché du travail). – Nantissez votre épargne en assurance vie sur laquelle vous aurez payé des droits d’entrée pour avoir encore plus de crédit. Louer vos appartements (enfin essayez) sans prendre d’assurance loyers impayés (ça coûte cher). – Pour ceux qui parmi vous aiment les plats relevés, achetez plutôt de l’immobilier dans les Dom Tom, exclusivement. De préférence, choisissez une zone cyclonique à forte activité. Les Antilles sont parfaites. Défiscalisez le tout. Mettez tout ce qui vous reste dans la même banque en essayant de dépasser les 1 00 000 euros que des états en faillite s’engagent à vous rembourser en cas de faillites bancaires provoquées par la faillite desdits états (si vous avez compris vous êtes vraiment très forts). Vous pouvez saupoudrer d’actions du secteur automobile. Surtout Renault. PSA c’est encore trop bas aujourd’hui. N’oubliez pas une pincée d’actions bancaires.

Achetez le Crédit Agricole pour « jouer le rebond » de sa filiale grecque. Une pincée de JP Morgan pour avoir un peu de pertes de trading. Et bien sûr de la BNP car c’est la PLUS solide (hi hi hi). Laissez reposer votre patrimoine et revenez au bout de cinq ans de cuisson. Normalement il ne reste rien. Allez, bonnes vacances, moi je retourne à la pêche. Il faut que je vous raconte mon dernier bar…

En raison d’un édito plus long retrouvez la définition du jour dès demain.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.