Les emplois d’avenir ne séduisent pas les employeurs

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Par JOL Press Modifié le 31 janvier 2013 à 6h22

Lancés le 1er novembre dernier pour lutter efficacement contre le chômage des jeunes, les emplois d’avenir peinent à convaincre les employeurs. Seules 4000 embauches ont été réalisées, soit la moitié du chiffre que le gouvernement espère obtenir chaque mois pour atteindre ses objectifs. Les 30 premières conventions d’engagements pour la mise en œuvre des emplois d’avenir avaient été signées à l’occasion d’une cérémonie organisée à l’Hôtel Matignon le 30 octobre dernier, avec les représentants des acteurs emblématiques de la mobilisation pour les emplois d’avenir. Seulement, depuis, le dispositif ne semble pas avoir séduit beaucoup d’employeurs. Réservé aux 16 à 25 ans, pour une durée de un à trois ans, il s'adresse en priorité aux acteurs publics (collectivités locales, associations, etc.) mais les entreprises y ont également accès, sous certaines conditions.

« Pas loin de 4000 » embauches ont été enregistrées dans les collectivités locales et les associations, selon le ministre du Travail, Michel Sapin. Un chiffre bien en deçà des espérances du gouvernement qui souhaite 100 000 recrutements avant la fin de l’année et 150 000 à l’horizon 2014.

« Nous avons placé la barre très haut »

Les emplois d’avenir sont destinés aux jeunes peu qualifiés, « éloignés de l’emploi, en raison de leur défaut de formation ou de leur origine géographique ». Une exigence de formation est donc demandée à l’employeur avec en contrepartie une aide de l’État, fixée à 75 % du taux horaire brut du salaire minimum de croissance, dans le secteur non marchand, et à 35 % dans le secteur marchand. Mais cette aide de l’État ne parvient pas toujours à couvrir tous les frais qu’occasionne cette formation. Il faut croire aussi que la population ciblée par le gouvernement ne répond pas toujours aux attentes des éventuels employeurs. « Nous avons placé la barre très haut. On attaque le chômage par la face nord avec les publics les plus difficiles à insérer. Cela aurait été plus facile de ne pas les cibler mais nous aurions alors laissé ces milliers de jeunes le bec dans l'eau », tente d’expliquer le député PS Jean-Marc Germain, rapporteur du projet de loi, au JDD.

Les employeurs ne veulent pas prendre de risques

Dans le Var, déjà, six jeunes de moins de 26 ans ont vu leur emploi d’avenir rompu, en janvier, par la Caisse d’allocations familiales (CAF) seulement trois semaines après leurs prises de fonction en tant que téléconseillers, selon le quotidien Var Matin. « Durant trois semaines, les dix-huit personnes recrutées ont été épaulées pour leur prise de fonction », explique la direction de la CAF du Var. « Le dispositif ne propose qu’un mois de période d’essai. Après, c’est un pari que vous faites. Si vous vous apercevez que le salarié n’a pas les compétences, malgré la formation, vous ne vous pouvez plus vous en séparer », ajoute-t-elle. Les employeurs préfèrent donc ne pas prendre de risques.

Une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques estime, par ailleurs, qu’ « avec les effets d'aubaine et de substitution dans le secteur marchand assez faibles, les 100 000 emplois d'avenir permettraient la création de 80 000 emplois ». Selon l’OFCE, le « coût annuel ex ante sur les finances publiques des 100 000 emplois d'avenir dans le secteur non marchand serait de 0,12 point de PIB mais de seulement 0,07 point de PIB ex post en raison du supplément de revenu et donc de recettes fiscales et sociales générées par les emplois créés ».

Le ministère du Travail reste confiant

Du côté du gouvernement, on ne souhaite pas se montrer préoccupé : « Je n'ai aucune inquiétude. Dans les collectivités locales et les associations, nous sommes au même rythme d'embauche que les emplois-jeunes », a tenté de rassurer le ministre du Travail. Et selon lui, de nouvelles embauches sont à prévoir. De fait, entre 1998 et 2002, 310 000 jeunes de moins de 26 ans avaient bénéficié de la mesure. Un avis conforté par une étude de l’Institut Recherches et Solidarités, publiée par 20 minutes le 21 janvier dernier, qui révèle que les associations pourraient créer entre 25 et 30 000 emplois d’avenir dès cette année. « Les structures qui œuvrent dans le secteur sanitaire et social sont les plus motivées », explique Jacques Malet, président de Recherches et Solidarités. « En pleine crise, ce n’est pas surprenant. Maintenant, j’espère qu’elles iront au bout de la démarche…»

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