En 2009 on a commencé à fréquemment entendre parler dans les médias des problèmes liés aux dettes souveraines et de leurs conséquences sur les politiques budgétaires à mener. Le grand public faisait alors connaissance avec des termes qui lui étaient encore « mystérieux » à savoir triple A, agences de notation, PIGS (Portugal, Italie, Grèce, Espagne) etc. La Grèce n'a survécu jusqu'à présent que grâce à l'injection massive d'argent frais. Toujours plus !
Quant aux trois autres « PIGS », ils lutent de toutes leurs forces en se demandant lequel d'entre eux deviendra la nouvelle Grèce de l'Eurozone si cette dernière est définitivement mise à mort par les marchés. A l'époque, les leaders d'opinion nous disaient que globalement la France avait bien résisté à la crise. Mais bien sûr ! Et la marmotte... On se demande d'ailleurs par quel miracle la France est parvenue jusqu'à ce jour à ne pas se faire englober dans le groupe des « PIGS » car notre pays n'a pas de quoi pavoiser. Lorsqu'on rajoute à la dette officielle la dette non officielle à savoir les dettes de certaines entreprises publiques qui ne sont pas toutes juridiquement parlant considérées comme publiques (l'Etat n'a d'ailleurs rien à envier aux grands cabinets de fiscalistes lorsqu'il s'agit d'être imaginatif pour camoufler des choses sous le tapis) et les salaires et retraites des fonctionnaires, on dépasse largement les 100% du PIB d'endettement. On a donc commencé à nous dire que l'Etat Providence c'était terminé. Il fallait se désendetter.
Malheureusement, il y a un gouffre entre les paroles et les actes
D'un côté on nous dit qu'il faut désendetter les états et de l'autre, on continue d'emprunter des milliards tous les jours sur les marchés financiers. A qui la faute ? C'est un subtil mélange entre des citoyens qui veulent garder des services publics efficaces sans payer plus puisqu'ils paient déjà beaucoup (enfin, pas tous...), d'autres qui s'accordent à dire qu'il faut revenir sur certains acquis sociaux mais c'est tout de même mieux si l'on « sucre » ceux du voisin plutôt que les leurs, de grandes entreprises qui font de « l'optimisation » fiscale et qui proportionnellement à leur taille, parviennent à payer moins d'impôts que les PME et les TPE et enfin, d'une classe politique qui voit avant tout ses intérêts plutôt que ceux du pays.
De plus, si on rajoute à cela un système éducatif complètement obsolète et l'innovation qui est en panne on en arrive à la situation suivante : plus de chômeurs et de retraités donc plus de dépenses publiques, moins d'actifs occupés donc moins de recettes fiscales et cerise sur le gâteau, une capacité relativement limitée à taxer d'avantage les PME/TPE et les classes moyennes qui sont déjà saignées à blanc. Le bons sens amène n'importe quel individu normalement constitué à comprendre que le déficit des caisses de l'Etat ne peut être comblé que par de la dette supplémentaire. Il faut faire des choix difficiles et douloureux pour une classe politique qui depuis trente ans refuse d'être impopulaire au risque de se faire éjecter aux élections suivantes.
On emprunte en espérant que le système tiendra assez longtemps pour « refiler le bébé » au prochain gouvernement. En outre, pour éviter d'emprunter, aucun gouvernement n'a vraiment envie de couper les robinets du social ou de supprimer les avantages de certaines corporations car indéniablement, ce jour là, il devra faire face à un véritable soulèvement populaire. Croire qu'on va pouvoir réduire les dépenses publiques sans créer un climat de rebellions c'est occulter un pan entier de la réalité. D'où la nécessité de voir émerger une nouvelle classe de dirigeants politiques courageux qui voient à long terme et qui ne se préoccupent pas de leur carrière personnelle.
Nous sommes arrivés à la fin d'un cycle
Tout comme le système féodal a laissé place au système capitaliste, notre système doit et va laisser place à un nouveau système. C'est inévitable. Notre système est arrivé à bout de souffle et si les états ne s'étaient pas fortement endettés pour lui maintenir la tête hors de l'eau depuis 2008 il se serait déjà effondré. Le seul « hic » c'est que je ne vois pas qui pourrait maintenant venir au secours des nations pour leur éviter la faillite ! Ah oui, les banques qui sont elles-mêmes protégées par les états. Mais dites-moi, c'est une histoire de fou !
Le système actuel ne peut pas répondre aux grands défis du XXIème siècle et plus vite nous entamerons la transition vers le nouveau système que nous devons construire tous ensemble, plus vite nous pourrons à nouveau voir l'avenir comme une source infinie d'opportunités. Ce sont toujours les périodes de mutation qui sont douloureuses. Alors commençons à construire dès maintenant notre nouveau modèle de société qui aura l'Humain en son centre de façon à ce que la période transitoire ne dure pas 30 ans ! Certains ont déjà commencé à construire ce nouveau modèle car ils ont compris que le « vieux » monde ne pouvait pas être sauvé alors plutôt que de gaspiller de l'énergie à renflouer un bateau qui va de toute façon couler, autant concentrer ses efforts sur la construction d'un nouveau vaisseau pour accueillir les naufragés.
L'économie collaborative par exemple, prônée entre autres par Rachel Botsman, va sans aucun doute être l'un des piliers du nouveau système. Des économistes comme Jeremy Rifkin ont déjà commencé à travailler et à mettre en place les bases de ce que l'on appelle la Troisième Révolution Industrielle. Faire du covoiturage, du « airbnb » (location de courtes durées d'appartements entre particuliers) ou du « bookalokal » (repas chez l'habitant pour rencontrer de nouvelles personnes ou découvrir la culture locale lors de son passage dans un pays) par exemple, c'est déjà adhérer au nouveau système. En d'autres termes, c'est accepter le fait que le système capitaliste comme nous l'avons toujours connu est en train de muter. Mais pourtant, beaucoup d'autres s'accrochent encore à l'ancien système. Ils sont toujours persuadés qu'on viendra à bout de cette crise et que tout recommencera comme avant.
Le réveil sera difficile
Ne s'étant pas suffisamment protégés, ce sont malheureusement eux qui vont payer la facture. Il suffit de voir ce qui se passe à 2 000 km de Paris sur une petite île du nom de Chypre pour voir l'avenir et comprendre ce qui nous attend au tournant si nous perdurons dans cette voie. Je ne parviens toujours pas à comprendre pourquoi cela ne saute pas aux yeux de la majorité de la population. J'avoue qu'il faut bien admettre que dans les faits, l'analyse est biaisée par des dirigeants (économiques, politiques et médiatiques) qui s'entêtent à vouloir sauver l'ancien système et crier à qui veut l'entendre que tout est sous contrôle et qu'on va s'en sortir.
Si l'on s'en tient au simple exemple de la politique des taux bas mise en place par la Fed et la BCE, il est facile de constater que tout est fait pour maintenir sous respirateur artificiel un système qui sert de plus en plus les intérêts d'une minorité au détriment de la majorité puisque des taux d'intérêts maintenus artificiellement bas par les autorités monétaires ne font que poser les bases de la prochaine crise. En effet, lorsque l'on permet à des investisseurs rationnels de s'endetter à des taux inférieurs à ce qu'ils devraient normalement être, on contribue à créer des bulles financières et immobilières. L'argent pas cher n'a jamais servi les intérêts du plus grand nombre sur le long terme. Il n'y a qu'une issue possible à une période d'argent bon marché : le krach. De plus, les faibles taux directeurs des banques centrales permettent également de maintenir artificiellement en vie des entreprises qui ne sont plus compétitives et qui devraient donc disparaître ce qui permettrait une réallocation du capital vers des entreprises innovantes, créatrices d'emplois et permettant à l'humanité de continuer à évoluer. On ne peut pas constamment regarder vers le passé.
Enfin, en maintenant des taux aussi bas, on joue avec le feu en prenant le risque d'entrer dans une spirale déflationniste qui serait catastrophique. Pour ceux qui en doutent, demandez aux Japonais ce qu'ils pensent de la politique ayant été menée par la banque centrale du Japon dans les années 1990. Ils n'en sont toujours pas remis ! Il est donc aisé de constater que ne serait-ce que par une politique de taux bas, nos dirigeants tentent de maintenir en vie le plus longtemps possible un système qui a fait son temps.
En clair, tout est fait pour induire dans l'erreur les deuxièmes et troisièmes classes d'un navire qui va sombrer et ce, le temps de permettre aux premières classes de monter dans les chaloupes en trop petit nombre pour sauver tous les passagers. Ca ne vous rappelle rien ?