La Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de la métropole, se distingue en ce moment par une surmortalité particulièrement élevée (+118,4%). L’Observatoire régional de santé d’Île-de-France et le département santé de l’Institut Paris Région ont tenté de comprendre pourquoi.
En Seine-Saint-Denis, 1 habitant sur 5 décède dans un département voisin
Pendant l’épidémie actuelle, le nombre de décès a peu ou prou doublé en région parisienne. La surmortalité est particulièrement élevée en Seine-Saint-Denis (+118,4% entre le 1er mars et le 10 avril 2020 par rapport à la même période en 2019), contre +92,6% à Paris et +94,1% dans le Val-de-Marne par exemple.
Et les vrais chiffres pourraient être encore plus dramatiques. Pour les chercheurs étudiant le phénomène, le lieu de décès apparaît en effet moins important que le département ou la commune dont la personne décédée était issue. D’autant plus que la majorité des décès ont lieu à l’hôpital : dans la majorité des cas, la commune voire le département de décès ne sont donc pas ceux de résidence. Preuve de cette thèse, seulement 54% des passages aux urgences effectués en 2019 dans un établissement hospitalier parisien concernaient des patients résidant à Paris. Les habitants de Seine-Saint-Denis fréquentent largement les hôpitaux parisiens et val-de-marnais, et sur la période du 1er mars au 10 avril 2020, 22,1% des décès des habitants de la Seine-Saint-Denis ont été enregistrés dans un autre département que la Seine-Saint-Denis.
Faiblesse du télétravail et surpopulation, deux facteurs qui aggravent l’épidémie
Pourquoi donc cette mortalité est-elle si élevée en Seine-Saint-Denis ? Selon les auteurs de l’étude, l’impact de l’épidémie y est plus prononcé en raison des conditions de vie. En premier lieu, la faiblesse du télétravail. La Seine-Saint-Denis est un département largement pourvoyeur de « travailleurs clés », ces actifs dont le métier n’est pas compatible avec le télétravail et qui sont donc d’autant plus soumis à un risque de contamination qu’ils effectuent des déplacements potentiellement plus importants pour se rendre sur leur lieu de travail.
La surpopulation a aussi un rôle à jouer. La Seine-Saint-Denis est particulièrement concernée par les problématiques liées aux familles nombreuses (12,3% des ménages y comptent cinq personnes ou plus, contre 4,1% à Paris, et 8,5% des ménages comptent au moins trois enfants de moins de 18 ans. En plus, la Seine-Saint-Denis se démarque des autres départements franciliens avec un nombre de pièces et une surface disponibles par habitant plus faibles.