Superprofits : devant le Medef, Bruno Le Maire fait mine de ne pas comprendre

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 31 août 2022 à 9h31
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5,7 MILLIARDS €Le bénéfice net de TotalEnergies a atteint 5,7 milliards d'euros entre avril et juin 2022.

Plusieurs pays dans le monde, dont certains européens, ont annoncé une taxation des superprofits des entreprises liées à la situation économique mondiale, aux tensions sur les marchés et surtout à l’explosion des prix des produits pétroliers. Mais, semble-t-il, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, n’est pas au courant…

Bruno Le Maire « ne sait pas » ce que sont les superprofits

Véritable sujet de tensions entre la gauche et la droite, mais également entre la droite et l’extrême-droite ainsi qu’au sein même du parti présidentiel et du gouvernement, la question de la taxation des superprofits des entreprises semble avoir complètement échappé au ministre de l’Économie. Et ce alors qu’Élisabeth Borne, première ministre, a déclaré qu’elle n’était pas « fermée » à cette idée, s’attirant les ires du Medef.

Et c’est justement face au Medef que Bruno Le Maire a déclaré, mardi 30 août 2022, son ignorance totale à ce sujet : « je ne sais pas ce que c’est qu’un super profit ». Forcément, à la REF, l’université d’été du Medef, les patrons ont été convaincus par ses paroles. Et encore plus lorsqu’il a expliqué : « je sais que les entreprises doivent être profitables, c’est tout ce que je sais ».

Exit la responsabilité sociale, la question de l’environnement, le fait de payer décemment ses employés et de ne pas les exploiter… pour Bruno Le Maire, il n’y a que le profit qui compte pour une entreprise.

Même le Medef parle de superprofits… mais ce ne sont pas les entreprises qui les touchent

Pourtant, le Medef lui-même estime que ces superprofits existent. Sauf que ce ne sont pas les entreprises qui les toucheraient, à en croire Geoffroy Roux de Bézieux, son président. « Le plus grand super-profiteur, c’est l’État » a-t-il déclaré lundi 29 août 2022. Déjà, cela signifie que les superprofits existent, mais qu’en plus si l’État est le « plus grand » superprofiteur, il y a bien d’autres superprofiteurs. Donc, de fait, Geoffroy Roux de Bézieux confirme l’existence de superprofiteurs chez les entreprises.

Mais peu importe, pour le président du Medef selon lequel « les recettes fiscales [de l’État] du premier semestre 2022 ont augmenté de 27 milliards d’euros ». Une somme qui ne suffit pas à compenser le bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité ou encore la ristourne sur le carburant à la pompe. Sans compter les autres mesures mises en place en faveur du pouvoir d’achat.

Les superprofits des entreprises… ça existe ?

Et n’en déplaise au ministre de l’Économie ou encore au président du Medef, les superprofits sont bien confirmés au-delà des clivages politiques. L’Agence internationale de l’énergie, dont on ne peut guère dire qu’elle soit de gauche ou de droite, estime que les seules entreprises européennes travaillant dans l’énergie cumuleront, en 2022, 200 milliards d’euros de bénéfices supplémentaires.

Mais comme le dit Bruno Le Maire : « une entreprise doit être profitable », et rien de plus...

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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