Ah, ces Suisses... toujours à surprendre. Après avoir décidé sur un coup de tête d'abandonner le plafond de taux de change franc suisse/euro le 15 janvier 2015, voilà que le pays surprend à nouveau. Mais cette fois en bien : le pays emprunte sur 10 ans à taux négatif, à -0,05%. C'est la première fois qu'un tel emprunt est contracté par un Etat. Mais ça ne présage pas que du bon.
Les taux négatifs sont à la mode
La Suisse n'est pas le premier pays à emprunter à taux négatif, loin de là. La France le fait sur 4 ans, l'Allemagne sur 7 ans... c'est un effet de mode issu surtout de la décision de la BCE de racheter des actifs pour 1 000 milliards d'euros. Le célèbre "quantitative easing" tant clamé par Mario Draghi en 2014 mais qui n'a commencé qu'en 2015. Résultat : 2 500 milliards d'euros d'emprunts à taux négatifs ont été contractés par les pays de la zone euro.
Si le taux négatif n'est pas une nouveauté, c'est la longueur de crédit qui en est une : la Suisse est en effet le premier pays à emprunter sur 10 ans à taux négatif. Et si les emprunteurs sont prêts à perdre de l'argent pour en prêter c'est normal dans le monde merveilleux de la finance : la dette Suisse est plus que sûre (ce n'est pas demain que la Suisse fera défaut) donc pour avoir une partie de cette dette les emprunteurs sont prêts à y laisser quelques centimes.
Une bonne nouvelle pour les gouvernements... moins pour d'autres
Les taux négatifs et les taux historiquement bas auxquels empruntent les pays sont une bonne nouvelle pour lesdits pays : ils peuvent emprunter sans trop craindre de devoir rembourser des sommes astronomiques (or, en général, ce sont ces remboursements qui entraînent un défaut de paiement, comme ce fut le cas pour l'Argentine à plusieurs reprises et pour la Grèce en ce moment).
La France emprunte ainsi à 0,44% sur 10 ans, l'Allemagne à 0,16% sur la même période... du jamais vu. C'est bon pour l'investissement et c'est bon pour les entreprises. Mais il y en a qui se rongent les ongles et commencent à avoir peur.
Ceux-là... ce sont les assureurs et les investisseurs de long terme. Car plus l'emprunt est fiable, plus il est prisé et moins son rendement est élevé. Or certaines assurances-vie, par exemple, promettent des rendements garantis.
Dans l'idée de ces assureurs, c'était simple : ils promettent 3% de rendement, obtiennent 4% de rendement via leurs propres emprunts et ils font 1% de marge (grosso-modo, la réalité est plus complexe). Mais s'ils n'arrivent pas à emprunter à plus de 3% alors ce sera de leur poche qu'ils devront sortir le reste pour payer leurs contrats. Et ça risque de poser un problème à long terme qui peut en arriver à... la faillite !