Suez aiguise les appétits

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Par Michel Delapierre Modifié le 24 octobre 2018 à 10h58
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Après une période d’incertitudes en début d’année, Suez, le géant français de l’eau, se porte mieux. Le titre a rebondi en Bourse, porté notamment par les spéculations concernant la position d’Engie, son actionnaire principal, au sein de son capital et les performances de sa nouvelle filiale Water Technologies & Solutions (WT&S).

Water Technologies & Solutions tire Suez vers le haut

Douze mois après l’acquisition par Suez de GE Water (une transaction qui avait laissé certains observateurs sceptiques à l’époque), la filiale rebaptisée Suez Water Technologies & Solutions (WT&S) confirme tous les espoirs placés en elle. S’il faudra attendre le 30 octobre 2018 pour connaître les résultats du troisième trimestre 2018, ceux du premier semestre 2018 sont encourageants. Sur cette période, WT&S affiche ainsi une croissance de 6,1 % et génère 1 106 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’Ebit ressort à 37 millions d’euros, nettement supérieur à son niveau de l’époque GE.

La nouvelle filiale engrange les succès commerciaux. Début octobre 2018, Suez a annoncé la signature par WT&S de quatre contrats d'un montant total d'environ 20 millions d'euros. Parmi ces contrats, l’exploitation et la maintenance de l’usine de traitement des eaux usées sur le site de Litehouse Foods, un fabricant américain de sauces congelées et fromages. 280 000 litres d’eau y sont traités tous les jours.

D’autres marchés prometteurs pour WT&S viennent d’être lancés aux Etats-Unis ou s’apprêtent à l’être. Un nouveau centre de traitement de l’eau de WT&S d’une surface de 5800 mètres carrés est actuellement en phase de finalisation à Atlanta. Son exploitation commerciale devrait débuter au début de l’hiver 2018. Le 11 octobre 2018, WT&S a également inauguré son nouveau laboratoire de R&D à Tomball (Texas), chargé d’optimiser les processus industriels utilisés par Suez dans le monde. Employant 80 chercheurs, le site devrait gérer 100 000 échantillons d’eau par an et assurer 1 million de tests, un niveau d’expertise inégalé aux Etats-Unis. « Le programme d’extraction de synergies porte ses fruits », se félicite Suez dans son communiqué.

Comptant parmi ses clients de nombreuses entreprises du secteur pétrolier, WT&S profite par ailleurs pleinement du rebond du prix du pétrole et d’un euro bas face au dollar.

Une vue d’ensemble assez hétérogène mais anticipée par le marché

Ces performances ont tiré le titre Suez vers le haut : depuis la dernière publication, il a en effet progressé de 6,2%, pour s’établir à 12,815 euros.

Le marché est également rassuré par la résilience d’indicateurs positifs. « Concernant les déchets, nous sommes sur une dynamique favorable sur les volumes traités, d’autant plus que les chantiers du Grand Paris sont là pour longtemps et apportent une forme de résilience. L’été plutôt chaud de 2018 devrait également jouer positivement sur les volumes d’eau du troisième trimestre », commente Pierre Antoine Chazal, analyste suivant la valeur chez Bryan Garnier.

Pour autant, de nombreuses incertitudes pèsent encore sur l’avenir du groupe : « La croissance à l’international patine un petit peu. Suez avait historiquement un objectif de 6-8% de croissance organique, mais elle a été révisée à 4-6% en janvier 2018 et pour l’instant nous sommes encore loin du compte », explique encore Pierre-Antoine Chazal.

Le renforcement des contraintes sur les importations de déchets (papier, férailles…) en Chine joue également en défaveur du géant français dans la mesure où elles tirent les coûts de l’activité vers le haut.

« Des incertitudes sont aussi liées à la situation en Espagne sur le marché de l’eau, qui est compliqué et a vocation à rester compliqué, selon nous, à horizon 12, 18 mois », poursuit Pierre-Antoine Chazal.

Toutefois dans l’immédiat, ces interrogations ne devraient pas remettre en cause le niveau de valorisation du groupe, d’autant qu’un autre élément d’importance stimule l’appétit des investisseurs.

Quid d’Engie au capital de Suez

Engie, actionnaire à 32%, a lancé une réflexion active sur le devenir de sa position au sein du capital de Suez. Nombreux au sein du conseil d’administration de l’énergéticien s’interrogent en effet sur le bien-fondé de la position d’Engie et relancent ainsi le scénario d’une cession ou d’une acquisition.

Avec l’arrivée à la présidence d’Engie de Jean-Pierre Clamadieu, l’évolution du dossier semble s’accélérer mais il faudra pourtant attendre le mois de février 2019 pour avoir un début de réponse.

Entre temps, Suez devra se choisir un nouveau Directeur Général en remplacement de Jean-Louis Chaussade qui quittera ses fonctions lors de la prochaine Assemblée Générale au printemps prochain.

Pour l’instant, cinq candidats internes se sont déclarés et ont été entendus par le comité des nominations présidé par l’ancienne patronne d’Areva, Anne Lauvergeon. Deux d’entre eux semblent se détacher : Marie-Ange Debon, en charge de l’eau et des déchets en France et Bertrand Camus, en charge de l’international. La décision devrait intervenir d’ici la fin de l’année.

Un dossier sur lequel Engie aura probablement son mot à dire et qui devrait permettre à Gérard Mestrallet (actuel président de Suez et ancien président d’Engie) et Jean-Pierre Clamadieu d’échanger sur l’avenir des deux groupes.

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