En cette époque de crise, le sexe fait fureur. 50 nuances de Grey, qui s'est vendu en France à plus de deux millions d'exemplaires tout tomes confondus, en est la preuve quasi incontestée.
À moins d'avoir passé ces six derniers mois sur une île déserte, coupé du monde, vous n'avez pas pu passer à côté de ce tsunami médiatique économique et.. éthique. À l’origine, ce n’était qu’un vulgaire blog relayé par des ménagères. Aujourd'hui ce livre, racontant les fantasmes sadomasochistes d'un couple idéal (lui, jeune, riche et beau, elle étudiante et naïve), s'est écoulé à plus de 40 millions d'exemplaires dans le monde.
On aurait pu penser que 50 nuances de Grey n'était qu’un coup marketing et que le soufflé allait retomber avec la parution des tomes 2 & 3 mais que nenni ! Les ouvrages composant la trilogie n’ont jamais quitté le top 10 des ventes en France depuis leur sortie. En plus de faire le bonheur (et le plaisir) de ses lectrices et de leurs conjoints (ou pas), cette trilogie a aussi fait le bonheur des libraires et de son éditeur français : les éditions Lattés. Le chiffre d'affaire total de 50 nuances avoisine probablement... les 50 millions d'euros, six mois après sa sortie.
Un bonheur ne venant jamais seul, c'est tout le secteur de l'érotisme qui profite de cette aubaine. À commencer par l'édition érotique qui était moribonde ces dernières années. À part trois ou quatre maisons d'édition spécialisées, aucun éditeur ne misait sur ce genre. Or, depuis la fin 2012, les livres érotiques réinvestissent les rayons, les libraires ouvrent à nouveau des espaces consacrés à ce genre. La FNAC de son côté a même mis la littérature érotique a l'honneur dans ses magasins et sur son site Internet.
Comme dans toute mode, des produits dérivés, officiels ou non ont été créés. Toute une ligne de gadgets érotiques estampillée 50 nuances de Grey ou surfant sur le phénomène est sortie du bois, et se vends jusque dans le hall d'accueil du Drugstore Publicis à Paris, sur les Champs-Elysées. Masques, menottes, cravaches et autres accessoires s'écoulent comme des petits pains. Là aussi, l'arrivée d’une nouvelle clientèle (la fameuse ménagère de moins de 50 ans, très chère au cœur de TF1) qui en plus des produits dérivés 50 nuances de Grey a aussi craqué sur les tenues sexy ou sur les huiles de massage, a boosté le chiffre d'affaires du secteur.
Les sites de récits érotiques ne sont pas en reste. Avant, seuls cinq ou six sites proposaient des histoires croustillantes aux internautes. En mars 2013, on en compte plus d'une vingtaine. Amandine, la responsable du site français histoires-libertines.com, note ainsi un réel engouement des femmes pour les histoires érotiques : elles représentent 70 à 80 % des connexions, identifiées grâce aux cookies et aux recettes publicitaires ciblées, base des revenus de ce genre de sites, situés à des années lumières des sites pornos consultés à 95 % par des hommes. Les annonceurs "traditionnels" ne sont pas en reste, et acceptent d'y être affichés en bannières ; vêtements, (et pas que de la lingerie), loisirs, voyages... La fréquentation du site d'Amandine a ainsi progressé de plus de 50% sur le premier trimestre, en particulier depuis les smartphones et les tablettes... car ils sont plus pratiques à emmener au lit !
Reste à savoir si un autre auteur et un autre éditeur sauront trouver le même filon chez les hommes, sans tomber dans le scabreux vulgaire porno...