Dans le petit monde de la grande distribution, avec un niveau d’endettement divisé par trois en quatre ans, le groupe Casino récolte les fruits d’une stratégie fondée sur la diversification et l’innovation. Loin de se reposer sur ces excellents résultats, le groupe entend désormais poursuivre son développement sur les pistes qu’il juge les plus prometteuses pour l’avenir : les services et le bio, tout en renforçant la digitalisation de ses offres au sein de ses différentes enseignes.
Le groupe Casino a fait part de ses résultats 2018 lors de sa réunion d’information financière annuelle le 14 mars 2018. Après avoir traversé bien des turbulences, le groupe affiche désormais une santé insolente au sein d’un secteur pourtant gagné par le doute depuis des années. Pourtant, peu nombreux sont ceux qui auraient parié sur de tels résultats il y a encore quelques mois.
2018, année de turbulences boursières
Sur un plan strictement boursier, parler d’une année 2018 compliquée pour le Groupe Casino est un euphémisme. L’action Casino a eu le triste privilège d’être le titre français et européen le plus attaqué sur les marchés financiers par des fonds d’investissement essentiellement anglo-saxons : près d’une vingtaine de fonds s’est livrée à des opérations de short-selling agressives, pariant donc en permanence sur la baisse du cours. Un tel acharnement en provenance d’un si grand nombre de fonds a d’ailleurs fini par attirer l’attention de l’Autorité des marchés financiers, et plusieurs investigations sont en cours. Le groupe Casino n’en a pas attendu les conclusions pour réagir : attaqué essentiellement sur la structure et le montant de sa dette, le groupe Casino a réussi le tour de force de céder à hauteur de 1,5 milliard d’euros d’actifs en à peine sept mois. Trois jours avant la présentation de ses résultats, le 11 mars, le groupe annonçait ainsi la finalisation de l'opération de cession portant sur les murs de 13 Géant Casino, 3 Hyper Casino et 10 Supermarchés Casino, valorisés 501 millions d'euros, en accord avec des fonds gérés par le hedge funds Fortress.
D’une pierre deux coups
L’intérêt de ces cessions pour Casino a été double : non seulement le groupe a récupéré des fonds pour diminuer drastiquement le montant de sa dette, mais il en a également profité pour épurer son réseau de certains hypermarchés jugés insuffisamment performants, notamment parmi les hypers Géant. De plus, en renonçant à la propriété des murs de certains magasins (Casino a bouclé en décembre 2018 la vente des murs de 67 magasins Monoprix aux assureurs Generali et AG2R La Mondiale pour un montant de 742 millions d'euros), le groupe Casino entend aussi gagner en agilité sur des marchés devenus extrêmement sensibles aux évolutions des modes de consommation. Outre l’opportunité du désendettement, ces différentes opérations répondent toutes à un même constat fait par Casino depuis longtemps : le salut de la grande distribution n’est plus à rechercher dans l’hypermarché monolithique et universel, installé en périphérie des grandes villes. Le modèle de la grande distribution doit évoluer ou disparaître.
Segmentation, innovation et diversification
Pour répondre aux défis posés par la crise de l’hypermarché, le Groupe Casino a depuis plusieurs années mis en place une stratégie dont il récolte actuellement les fruits : segmentation et diversification. Le groupe Casino a en effet assigné chacune de ses enseignes à un créneau de consommation spécifique, en occupant l’ensemble du spectre du retail, du discount aux enseignes premium de centres-villes. A cet éventail d’enseignes généralistes s’ajoute le e-commerce, avec Cdiscount, et les enseignes spécialisés, comme pour le bio par exemple, créneau sur lequel le groupe a d’ailleurs annoncé son intention de se renforcer. A cette stratégie, le groupe Casino a ajouté un volet innovation, via des partenariats avec l’anglais Ocado par exemple pour la logistique et la livraison des produits alimentaires, ou via des applications de paiement propres aux enseignes du groupe (Casino Max, application Franprix…).
Au- delà de ces innovations tournant autour de son cœur de métier, le groupe Casino a en revanche surpris lors d’annonces de diversification inédites au sein de la grande distribution. Le groupe était déjà présent dans les offres de voyages et la fourniture d’électricité, via sa filiale GreenYellow ; il se tourne désormais vers le Big Data et le Cloud computing. Déjà engagée depuis décembre 2018 avec Qarnot computing pour installer des data centers dans ses entrepôts et réserves, le groupe Casino vient d’officialiser le lancement d’une offre Cloud et supercalculateurs, en partenariat également avec ScaleMax,
Décidé à investir sur ces marchés prometteurs, le groupe Casino entame l’année 2019 sur de bien meilleures bases que 2018 : largement désendetté, diversifié et renforcé par des résultats très positifs comparativement aux concurrents, le groupe Casino aborde 2019 sous les meilleurs auspices.