Réjouissez-vous, tout va... un peu plus mal. Avec un excédent commercial de 10,4 milliards d'euros pour toute la zone euro en février, versus 4,7 milliards de déficit en janvier, on pourrait croire à une reprise de l'activité économique sur le continent. Pourtant, c'est tout le contraire que révèlent les chiffres d'Eurostat, l'institut européen des statistiques qui a publié ses derniers chiffres hier.
Car les statistiques ne mentent pas : Les exportations, dans les faits, n'ont progressé que de 0,1 % d'un mois sur l'autre pour toute la zone euro. Qui exporte ? Je vous le donne en mille : l'Allemagne, dont la balance affiche un excédent de... 13,6 milliards d'euros. Sur un mois. Oui. Autrement dit, si toute la zone euro affiche un excédent d'exportations de 10,4 milliards d'euros, c'est à la louche que seule l'Allemagne exporte plus qu'elle n'importe, sur le continent.
Malheureusement, si l'avance que donne l'Allemagne à la zone euro n'a pas été "mangée" ce mois-ci par les importations des autres pays, c'est que ceux-ci importent moins. A l'échelle du continent, les importations baissent de 2,1% sur février, données corrigées des variations saisonnières, autrement dit, impact des hausses ou des baisses de consommation d'hydrocarbures (chauffage / transports) inclus. Les "champions" de la baisse des importations s'apellent... Espagne, Italie et Portugal, les trois pays européens au poids statistique conséquent dans la zone euro, et qui sont désormais plongés dans une profonde récession. Cela fait longtemps que la Grèce importe le minimum pour survivre, et son poids statistique est infime pour peser sur les chiffres.
Les problèmes que révèlent cest chiffres sont que les exportations européennes ne progressent pas ou peu (0,1%, et c'est l'Allemagne la locomotive, sans wagons accrochés derrière), mais que les importations s'effondrent, et essentiellement les importations d'investissement structurel. Les entreprises achétent moins de biens d'équipement et de matières premières à l'international, signe qu'elles investissent moins, et que leur activité continue à ralentir. Cela corrobore la chute des marchés des matières premières depuis quelques jours, autre indicateur d'un ralentissement de l'activité économique.