Le sport amateur et les arrêtés préfectoraux

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Par Philippe Bapt Publié le 2 octobre 2020 à 6h00
Sport Amateur Arretes Prefectoraux Temoignange
@shutter - © Economie Matin
66%En 2018, 66 % des Français de plus de 15 ans pratiquent une activité sportive.

Oui je ne suis pas content. Et c'est le président de club (co) et « covid manager » de ce même club qui veut ici témoigner.

Au préalable, je veux dire combien d'une part cette pandémie ne me fait pas rire, que je ne la sous-estime pas, et d'autre part que je ne souscris à aucune polémique pseudo médicale nord-sud ou toute autre théorie complotiste sur le sujet.

Ceci étant posé, je suis avec attention chaque semaine la vie de plus de 300 licenciés en observant le protocole de ma fédération de tutelle. Je co dirige un club de rugby. Des cas ? Oui, peu et imposant systématiquement éloignement, isolement, et à J+7 des dépistages, sur la base des présents lors des rassemblements : les entraînements notamment. Des retours positifs après tests des groupes concernés? Non !

Bien entendu que freiner la propagation du virus est une obligation . Mais comment justifier de se frotter, se mêler, s'emmêler, se pousser, se plaquer, constituer des mêlées ouvertes ou pas pendant les entraînements et rencontres,…et aujourd'hui empêcher la douche ? Les vestiaires sont des endroits clos…ok. Mais alors, comme l'automne est là, son lot de pluie avec, autant interdire la pratique de notre sport.

Et avec cet arrêt, faisons fi des valeurs que nous transmettons, des responsabilités que nous acceptons de supporter en plus de celles de dirigeant. Et puis asseyons-nous tous sur les conséquences statistiquement inéluctables sur l'ensemble du territoire! Car le fait de renvoyer tous ces jeunes chez eux les jours de semaines, comment croyez-vous qu'ils vont passer leur surplus d'énergie ? Ho pas tous bien sûr…. Mais ce tonus que nous nous employons tous, bénévoles qualifiés, à canaliser chaque mardi mercredi jeudi vendredi et chaque week-end, oui cet excès de fougue que va-t-il devenir ? La réponse : de nouvelles incivilités.

Car oui au-delà du ballon, il y a les copains pour paraphraser Jean-Pierre « casque d'or » Rives, ancien capitaine du XV de France, il y a une dimension sociale dans notre sport (comme bien d'autres, j'en conviens) ! Au rugby notamment celle de mixer sociologiquement les joueurs, celle de mélanger « le petit gros et le grand mince » de donner corps à une génération hétéroclite de physiques , pour amener vers une mise en scène sur le terrain dans laquelle chacun trouve sa place, son utilité pour un but commun. C'est notre société que l'on apprend à tous ces mômes chaque saison ! Alors quand, sans concertation, une décision est prise au hachoir et met en péril ce travail que dirigeants et bénévoles accomplissent avec ferveur, je me questionne.

L'autorité déconcentrée de l'Etat dans les mains du préfet est ainsi organisée aussi pour plus de proximité. Que fut l'importance de nos voix et propositions pour éviter cet « oxymore sportif » ? Aucune. Donc :vous pouvez jouer sur un terrain au rugby, en compétition, sous la pluie mais aucun accès à un vestiaire et douche !

Les réponses sont pourtant diverses : ici ce sont tous les vestiaires que l'on ferme donc. Là ce sont seulement les équipes visiteuses qui peuvent se décrotter à l'issue de la rencontre ! C'est ainsi que certains maires prennent la responsabilité de laisser les vestiaires des locaux accessibles…

Mais est-ce vraiment sérieux ? Si bien sûr, si l'on considère comme quantité négligeable le travail et l'implication fournis par chaque club pour faire appliquer les consignes fédérales de reprises d'activités depuis août .Car au final, avons-nous à déplorer beaucoup de cas ? Sommes-nous irresponsables pour laisser de jeunes papas prendre des risques pour leur enfant ? Qui peux penser que nous accepterions de risquer volontairement de contaminer un de nos joueurs voire d'aller jusqu'à laisser filer et demain se recueillir sur sa tombe ?

J'invite donc mon préfet de Haute-Garonne à nous rendre visite et deviser ensemble, des responsabilités que nous aurions à prendre pour réellement rendre ces endroits de perdition pour coronavirus, j'ai nommé les vestiaires, accessibles et plus sains. Après à chaque club de connaître ses limites en termes d'organisation tant matérielle qu'humaine pour aller dans ce sens.

Enfin, alors que chaque saison permet de visiter beaucoup de lieux de sport, on peut constater leur vétusté parfois voir même quelquefois leur insalubrité, peut-être faudrait-il profiter collectivement de cet instant historique pour investir dans des locaux autant calorifugés que sains,…véritablement tournés vers le XXI eme siècle, pourtant entamé il y a déjà plus de 20 ans !

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Philippe BAPT est un communicant. Diplômé de Novancia Business School en management marketing digital et événementiel, il exerce sa passion comme chargé de communication et consultant chargé de projets. Sa seconde passion la « chose publique » l’amène très tôt dans le champ associatif : social, culturel et sportif. Puis il sera élu local d’une commune de la première couronne de la ville rose de 2008 à 2014. Président de club de rugby, puis d’un groupement d’employeurs et administrateur d’un théâtre-centre culturel, ces différents postes lui confèrent  une expertise dans ces domaines. Retiré du strict jeu politique, il n’en demeure pas moins attentif à l’évolution de l’actualité et devient éditorialiste dans divers médias locaux et régionaux, dès la rentrée 2014. Ses sujets de prédilection : le « jeu » politique, les répercussions économiques et sociales, la recomposition du paysage politique français.