Le dernier sondage Tilder-LCI-OpinionWay en date de ce jeudi 18 avril révèle que plus de la moitié des Français souhaitent la mise en œuvre d'une politique de relance économique à la place de celle d'une réduction des déficits.
Le 10 avril dernier, dans un entretien accordé au journal Le Monde, le ministre du Redressement Productif Arnaud Montebourg a affirmé que la politique d'austérité visant la réduction du déficit public conduit « à la débâcle de l'Union européenne et à une crise de régime ».
Le sondage Opinionway pour TILDER et LCI montre que ce discours trouve une résonance chez les Français interrogés, puisque 55% d'entre eux se disent favorables à la mise en œuvre d'une politique de relance économique plutôt qu'à la poursuite de la politique de réduction des déficits publics.
Les électeurs des deux extrémités de l'échiquier politique sont largement les plus nombreux à solliciter cette inflexion de la politique économique de la France.
En communication, il y a deux façons d'appréhender cette prise de parole du ministre du Redressement Productif, dont nous savons aujourd'hui qu'elle a été validée en amont par le Président de la République :
· D'abord comme un ballon sonde dont l'objectif serait de mesurer d'une part la puissance des réactions des partenaires internationaux et européens de la France, au premier rang desquels se place l'Allemagne, d'autre part les réactions de la classe politique française et notamment du Front de gauche. Cette méthode permet de mesurer l'équilibre des forces avant de déclencher une possible inflexion de la politique économique et budgétaire de la France.
· La seconde hypothèse d'analyse de la communication amène à penser que le ministre du Redressement Productif, en lien avec l'Elysée, cherche à réaffirmer coûte que coûte dans l'opinion (en visant au premier rang sa gauche) le principe selon lequel le gouvernement ne mène pas une politique d'austérité mais... une politique de rigueur. Le fait d'imposer son champ lexical à une situation donnée est aussi une façon de gagner les batailles de communication.
Que ce soit pour tester les opinions des partenaires de la France ou bien rassurer une part importante de son électorat, il s'agit là d'une habile stratégie de communication de la part de l'exécutif qui doit rassurer son électorat avant de partir à la reconquête de l'opinion publique tout entière.
Les résultats de la deuxième question montrent que les Français sont particulièrement inquiets en raison de la situation économique du pays. La question posée aux Français portait en effet sur leur priorité en matière de consommation ou d'épargne dans les mois à venir.
Le résultat est sans appel puisque 68% des personnes interrogées considèrent que leur priorité est d'épargner face à un avenir incertain plutôt que de moins épargner pour continuer de consommer.
C'est la démonstration d'une grande anxiété de la part des Français face à l'avenir. Face à ce type de résultats, rassurer les Français devrait être le leitmotiv absolu de toutes les prises de parole médiatiques des membres du gouvernement.
Rappeler les fondamentaux et les objectifs de la politique qui est menée et les résultats attendus doit être, pour les communicants gouvernementaux, la priorité des priorités.
Avec des prévisions de croissance revues à la baisse pour 2013, un chômage en forte hausse, une balance commerciale en déficit... l'économie ne peut pas se permettre un ralentissement trop brutal de la consommation, c'est tout l'enjeu de la communication économique du gouvernement dans les mois qui viennent : « rassurer pour consommer ».