Chez Apple, on ne change pas une stratégie gagnante. En inventant l’App store et son catalogue musical sans fin, Apple parvenait à s’ériger en acteur majeur de cette industrie, sans n’avoir jamais produit un seul artiste. En imposant sa plateforme d’applications, la firme est parvenue à toucher sa dîme sur à peu près toutes les innovations pour smartphone, sans investir un dollar en développement.
Après son échec dans la presse, Apple marque le pas avec la banque
La firme a tenté un temps la même chose avec la presse : avec Newstand et son kiosque virtuel, l’ambition de la pomme était bien de distribuer sur ses devices des médias résignés à l’hégémonie de la Pomme.
Mais, cette fois-ci, le succès n’a pas été au rendez-vous et c’est peut-être aussi l’avenir réservé à la solution de paiement sans contact Apple pay, sensée rendre les cartes bleues obsolètes et s’imposer chez tous les commerçants.
A la lumière de ces expériences passées, les banques font de la résistance et n’entendent pas se livrer désarmés en confiant à une partie tierce et vorace le contrôle des moyens de paiement.
Proposée avec parcimonie depuis 2016 en France, seuls les clients de la caisse d’épargne ou de la Banque Populaire ont jusque-là la possibilité, à condition de posséder un iPhone, d’utiliser Apple Pay. Ils sont les seuls. Les autres banques rechignent et les négociations s’enlisent. La Société Générale, BNP ou bien encore le Crédit Agricole préfèrent frustrer leurs clients accros au smartphone que de céder aux exigences exorbitantes d’Apple. En effet, en cas d’accord, la Pomme impose aux établissements des conditions drastiques.
Face aux exigences d'Apple, les banques résistent
Première exigence, les banques signataires doivent prendre à leur charge la publicité autour d’Apple Pay. BPCE indique avoir provisionné 19 millions d’euros à cette fin en 2016.
Autre discorde, le contrôle des données clients : les banques craignent que ces datas lui échappent à terme et qu’elles puissent constituer pour Apple un puissant levier de pouvoir.
Enfin, des clauses des contrats exigeantes et non négociables, portant notamment sur la confidentialité des transactions et, surtout, la prétention d’Apple qui souhaite toucher son pourcentage sur les échanges. Sur cette « commission d’interchange », les banques n’avaient jamais cédé. C’est un crime de lèse-majesté qu’Apple propose.
Pourtant, les banques peinent à rompre les discussions, car elles croient en l’avenir du téléphone comme moyen de paiement, même si, y compris aux USA, les clients ne sont que 13% à avoir adopté cette solution.
Certes, parmi ceux qui ont accepté de proposer la technologie Apple (comme Orange ou Carrefour, qui n’ont bénéficier d’aucun passe-droit), les résultats semblent encourageants et la possibilité de payer avec son smartphone drainent des clients.
Mais le gros des troupes fait de la résistance et tente de faire plier la Pomme en misant sur des solutions notamment Android, en espérant secrètement trouver finalement un accord, pour éviter de s’aliéner leurs clients utilisateurs d’iPhone.
Quitte à prendre le risque, à terme, de se retrouver dans la situation de l’industrie musicale, pieds et poings liés face à Apple.
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