On s’est tous, un jour, retrouvé dans la situation embêtante d’avoir acheté un meuble un peu plus large que prévu et qui, de fait, ne rentrait pas là où on voulait le mettre. C’est un peu la même chose qui arrive à la SNCF. Sauf qu’on ne parle pas d’armoires mais de trains et que ce sont les quais qui sont trop serrés. La solution ? Raboter les 1 300 quais concernés. Un détail, en somme.
Des nouveaux TER plus larges, trop larges
La SNCF a commandé à Alstom et Bombardier de nouveaux trains. Une commande de 341 nouvelles rames qui devraient permettre de répondre au nombre croissant d’usagers en fournissant plus de place. Mais, du coup, les trains commandés sont plus larges que les anciens.
Logique, direz-vous. Effectivement, si ce n’est qu’un petit détail vient mettre son bâton dans les roues du projet : la largeur de ces nouvelles rames n’est pas compatible avec certains quais de gare construits à une époque où il n’y avait pas de standardisation.
En fait, ce ne serait qu’un détail si le nombre de quais concernés n’était pas aussi élevé : 1 300 quais ne seraient pas compatibles avec ces nouvelles rames. Sachant qu’en France il y a 3 000 gares (mais nombre d’entre elles ont plusieurs quais) voilà que ce problème concerne une bonne partie de l’infrastructure existante.
Une enveloppe de 50 millions d’euros pour raboter les quais
Raboter un quai a un coût, raboter 1 300 quais en a un autre. Selon le Réseau Ferré de France (RFF) la facture serait de pas moins de 50 millions d’euros « soit un peu plus de 1% de l’investissement annuel programmé de RFF qui s’élève à 4 milliards d’euros » rassure le gestionnaire du réseau ferroviaire.
Mais pour le Canard Enchaîné qui dévoile ce couac de la SNCF, la facture pourrait être bien plus lourde et RFF aurait déjà mis de côté 80 millions d’euros en urgence. Il faut dire que si 300 quais ont déjà subi leur lifting, 1 000 restent à élargir, et ce avant la livraison prévue entre 2014 et 2016.
La SNCF nie toute erreur
Alain Rousset, président de l’Association des Régions de France, a commenté l’affaire : « j'espère que les relations SNCF-RFF avec la réforme ferroviaire vont permettre d'homogénéiser les commandes » avant de souligner que « c'est quand même un peu stupide de commander des trains dont la largeur n'est pas conforme à celle des quais ».
Mais non, la SNCF et RFF savaient. Lors de la commande ils ont bien pris les mesures, ils ont bien vu que les trains ne passaient pas « quand nous avons fait les essais avant 2012, nous avons vu qu'il y aurait des travaux à effectuer sur 1300 quais » a déclaré le Réseau Ferré de France. RFF a juste « découvert le problème un peu tardivement » et a donc dû faire avec.
De toute manière ceux qui vont surtout subir le désagrément d’avoir des quais fermés, des retards et des travaux alors qu’ils se rendent au travail, ce sont les usagers.
Une situation aussi absurde est impossible ? "Si c'est possible, et c'est gratuit !"... ils le disaient déjà dans une publicité en 1988.